Mort pour la France

François Marie CALLOCH (1879/1915)

Fils de Paul Marie, né à Groix en 1837, marin-pêcheur, et de Rosalie TRISTAN(T), née à Groix en 1841, mariés en juin 1865, résidant à Quehello, François Marie CALLOCH est né le 20 février 1879 à Groix, dans le village de Quéhello. C'est le 6ème d'une fratrie de 7 enfants.

 

Après quelques années sur les bancs de l'école, François apprend le métier de marin-pêcheur, en s'embarquant comme mousse à l'âge de 12/13 ans, puis comme matelot. En 1898, à l'époque de son conseil de révision, il est inscrit maritime, sous le n° matricule  /Groix.

 

Son numéro matricule au recrutement est le 1728/Lorient. François effectue son service militaire au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient en 1899.

 

Rendu à la vie civile, il reprend ses activités de marin-pêcheur.

 

Il se marie avec une groisillonne, une fille de son village, Marie Désirée ADAM, née en 1884, le 13 novembre 1905. Ils résideront dans le village de Quéhello et auront trois enfants, le dernier étant né en mars 1915.

 

 

François Marie CALLOCH décède le 25 septembre 1915, sur le territoire de la commune de Souain (Marne)


En août 1914, François Marie CALLOCH est mobilisé et affecté à son régiment d'origine, le 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient. Dans les premiers temps, il ne reçoit pas d'affectation, il alors envoyé dans ses foyers. Puis comme beaucoup de marins qui ne trouvent pas place sur les navires et les bâtiments de défense côtière, il est mis à disposition de l'Armée de terre et affecté au 2ème RIC. Il arrive au dépôt du 2ème régiment d'infanterie coloniale, basé à Brest (Finistère), le 2 février 1915. Après quelques semaines de formation, il est affecté au 2ème bataillon du 2ème Régiment mixte d'infanterie coloniale qui quitte Brest pour Puget / Argens le 5 mai 1915. Deux autres groisillons, son frère Pierre Marie et Jean Marie BLANCHARD, font partie du voyage. Ils auront tous la même destinée.

 

Le 1er juillet, le régiment quitte Cuperly par voie ferrée et débarque le jour même à Somme-Tourbe; il occupe jusqu'au 3 juillet les cantonnements de La Salle et de Saint Jean-sur-Tourbe. 

Le 3, le régiment gagne par voie de terre Tilloy, la Croix-en-Champagne et Saint-Julien-de-CourtisoI. Il occupe ces localités jusqu'au 22 juillet. 

Le 22 juillet, départ pour Suippes; le régiment s'établit au bivouac à l'ouest de cette ville. Le 27, le régiment est mis à la disposition de la 7ème D. I. pour l'exécution des travaux. 

 

Le 16 août 1915, le 2ème Régiment mixte colonial devient le 52ème Régiment d'Infanterie coloniale. 

 

Le 17 août 1915, le 52ème R. I. C. rejoint son corps d'armée (le 2ème C. A. C.) à Suippes, et il est employé à des travaux dans le secteur de Souain (préparation de l'attaque du 25 septembre). 

 

Pendant cette période de travaux, les pertes sont de 2 officiers tués, 2 blessés, 24 hommes de troupe tués et 95 blessés.

L'artillerie entama l'action le 22 septembre; son tir, très violent, continua jusqu'au 25 septembre et atteignit sa plus grande intensité dans la nuit du 24 au 25. Des bois où le régiment était bivouaqué, on apercevait quelques points d'impact des projectiles d'artillerie lourde et les bouleversements qu'ils semblaient produire dans les lignes adverses, augmentaient encore la confiance dans le succès. L'artillerie allemande répondait sans toutefois que son feu égalât la puissance du nôtre. Au cours de la préparation d'artillerie, les dernières mesures furent prises pour la marche en avant. « Dans l'après-midi du 24, l'ordre du jour du généralissime fut lu à la troupe et chacun se prépara à faire bravement son devoir. 

L'ordre d'attaque de la division fut communiqué dans la soirée : le régiment devait faire partie des troisième et quatrième vagues. Il avait pour objectif les ouvrages de Presbourg et de Wagram, et ces ouvrages enlevés, il devait continuer à progresser aussi loin que possible. La route de Souain à Somme-Py limitait à gauche le secteur d'attaque de la division. 

A minuit, les bataillons quittèrent leurs bivouacs pour gagner les emplacements d'attente situés tout près des parallèles de départ. 

Ce mouvement, exécuté par nuit noire, dans des parallèles et des boyaux enchevêtrés, suivi par tous les éléments d'une division, s'accomplit avec ordre. A 3h du matin, les bataillons étaient à pied d'œuvre et recevaient un complément de munitions (2 grenades). 

Vers 6h, l'heure de l'attaque fut communiquée à la troupe. On eut soin d'expliquer aux hommes que l'artillerie cesserait son tir à 9h; que la première vague quitterait la parallèle de départ à 9h10; que la deuxième vague la remplacerait dans la parallèle de départ et déboucherait quand la première aurait gagné une distance de 50 m ; que les autres vagues procéderaient de même; que le tir d'artillerie reprendrait alors, non sur les premières tranchées ennemies, mais sur celles plus en arrière pour se continuer suivant notre avance. 

Jusqu'à 9h, l'artillerie française fut seule en action. 

A 9 h10, la première vague (33ème RIC) bondit hors de la parallèle de départ et, entre 9h15 et 9h20, ce fut le tour de la troisième vague (1er bataillon du 52ème RIC) puis de la quatrième vague (2ème et 3ème bataillon du 52ème RIC). 

 

François Marie CALLOCH est porté disparu, le 25 septembre 1915, vers 15h,  lors de l'attaque à l'assaut de la butte de Souain, sur le territoire de la commune de Souain (aujourd'hui Souain-Perthes-les-Hurlus - Marne). On ne retrouvera pas sur les listes des prisonniers, ni dans les cadavres identifiés relevés plus tard. Il est donc supposé mort jusqu'à ce qu'un jugement le confirme. Il avait 36 ans. Il laisse une veuve et trois enfants en bas âge.

 

Pour confirmer son décès, une décision juridique est nécessaire. Le jugement a lieu très tardivement, le 6 septembre 1933, par le tribunal de Lorient. Ce jugement, valant acte de décès est transcrit le 22 septembre 1933 sur les registres d'Etat-civil de la commune de Groix.

 

 

Le corps de François Marie CALLOCH, s'il a été retrouvé, n'a pas pu être identifié. Il a probablement été inhumé avec ses camarades de combat, eux non plus non-identifiés dans un ossuaire à proximité des lieux de combat. peut-être l'un des 6 ossuaires de la Nécropole nationale de "La Crouée", sur la commune de Souain Perthes-les-Hurlus, dans la Marne. La nécropole est d’une superficie de 6 ha, l'une des plus grande nécropole militaire. Elle rassemble les corps de 30.734 français tués dont seulement 9.050 ont pu être identifiés. Les 8 ossuaires réunissent les corps de 21.688 soldats.

 

 

Le 2ème régiment mixte colonial qui deviendra ensuite le 52ème R.I.C., régi-ment à 2 bataillons, a été constitué le 4 mai 1915 à Puget / Argens (Var):

- 1er bataillon (commandant Fleury) venu du dépôt du 2ème R.I.C. (Brest) qu’il avait quitté le 2 mars 1915 pour le camp de Fréjus ;

- 2ème bataillon (commandant Chevalier) formé avec une compagnie du 2ème R.I.C. (Brest), du 3ème R.I.C. (Rochefort), du 6ème R.I.C. (Lyon) et du 7ème R.I.C. (Bordeaux). Le régiment est alors constitué de 2 bataillons de 4 compagnies, 1 compagnie H.R., 1 section de mitrailleuses. Le 21 mai 1915, 2 nouvelles sections de mitrailleuses sont constituées à partir d'éléments prélevés sur les compagnies du régiments, constituant la compagnie de mitrailleuses de 3 sections.

 

Le 2 juin, le régiment est dirigé sur Mailly (Aube) où il arrive le 4. Le 13, il quitte Mailly par voie ferrée et débarque le même jour à Cuperly (Marne). Le 14, le régiment est porté à 3 bataillons par l’adjonction d’un bataillon (commandant Huard) du 1er régiment mixte colonial dissous le même jour.

Le 21 septembre, les lignes n'étaient pas à plus de 100 m des tranchées ennemies et, bien que les places d'armes ne fussent pas entièrement achevées, les régiments se trouvaient dans de bonnes conditions pour entamer l'offensive. Le 52ème R. I. C. ne laissait rien à désirer. Il avait été aguerri par plus de 6 mois d'exercices, d'entraînement, par des périodes d'occupation de tranchées et par des travaux exécutés de jour et de nuit, à proximité de l'ennemi, sous un feu violent d'artillerie et de mitrailleuses. Le moral des hommes semblait bon, la confiance régnait, car nul n'ignorait que cette fois une puissante artillerie appuierait le mouvement en avant et que les munitions ne feraient pas défaut. L'état sanitaire était également satisfaisant. ... les soldats restaient vigoureux, alertes, décidés et capables de supporter les fatigues et les vicissitudes de cette "marche en avant" (?)

 

Mais entre le moment où cessa le tir de notre artillerie et celui où déboucha la première vague, l'ennemi s'était ressaisi. Il déclencha un formidable barrage entre ses lignes et les nôtres; ce barrage ne réussit pas à arrêter la marche de nos vagues, mais, le régiment, sur une distance de moins de 200 m, laissa le quart de son effectif. 

 

La première ligne allemande était faiblement occupée, il n'en était pas de même des autres où l'on se heurta à la résistance opiniâtre de certains groupes disséminés dans les îlots de résistance, soigneusement aménagés. L'ordre étant de ne pas entrer dans les tranchées, mais de progresser par les terre-pleins pour ne pas ralentir l'élan, la marche en avant continua. Les vagues se reformaient d'elles-mêmes, après le franchissement des obstacles, et les ouvrages de Presbourg et de Wagram furent abordés et enlevés après un très rude combat de tranchée où la baïonnette joua le plus grand rôle. Peu ou pas de prisonniers: l'acharnement était trop grand de part et d'autre. 

 

Au-delà des ouvrages de Presbourg et de Wagram, le terrain était à peu près dépourvu de travaux de défense et l'on put s'avancer jusqu'aux dernières crêtes bordant la Py. Mais des troupes d'attaque, il ne restait qu'une mince ligne formée de groupes d'hommes de tous les régiments, encore animés d'une belle ardeur offensive. Certains éléments, retardés par la résistance qu'ils avaient rencontrée, rejoignaient, et l'on pouvait espérer l'arrivée prochaine des réserves. L'enthousiasme était grand malgré la fatigue et les pertes. Pour tous, la percée était un fait accompli. Plus de 6 km avaient été franchis, 11 lignes de tranchées enlevées, dont quelques-unes renforcées de réseaux encore intacts, et deux ouvrages puissamment organisés avaient été enlevés de haute lutte. Nous dûmes cependant nous arrêter, notre barrage roulant, fixé à la dernière crête de la Py, s'opposait à toute avance. 

 

Tout fut, mis en Œuvre pour faire allonger le tir. Des agents de liaison furent envoyés vers l'arrière, mais il est probable qu'ils ne purent remplir leur mission. Une pluie torrentielle, qui tombait depuis 10 h du matin, empêchait le vol des avions et aucune liaison téléphonique n'avait pu être organisée, le personnel étant dispersé ou hors de combat. 

 

Néanmoins, vers midi, le lieutenant-colonel fit savoir que l'artillerie allait allonger son tir. Notre barrage ayant été reporté plus loin, la première ligne se porta en avant. Il était trop tard. Après avoir progressé de quelques pas, la ligne était clouée sur place par un feu terrible de mitrailleuses partant d'une tranchée bordant la crête et des boqueteaux environnants. Ce feu de mitrailleuses était appuyé par un tir d'artillerie très bien réglé qui augmenta d'intensité et forma vite un obstacle infranchissable dans le secteur d'attaque de la division.

 

Les pertes sont considérables, le JMO dénombre 2 officiers tués et 20 blessés, 82 hommes de troupe tués, 504 blessés et 176 disparus. François CALLOCH fait parti de ces nombreux disparus.

 

Son frère Pierre Marie est blessé le même jour, lors de la même attaque; en portant assistance à un officier.

 

 

Son nom est gravé sur les différents monuments mémoriels de la commune de Groix.

 

Six des sept groisillons, (il manque Charles LE VEY), tués le 25 septembre 1915 sont inscrits sur la plaque commémorative de l'Eglise, et cette fois, y compris les disparus.

 

Jean Marie sera honoré, à titre posthume d'une Croix de guerre, ornée d'une étoile de bronze. (avec une erreur sur la date de son décès).                

(J.O. 25 juin 1920)