Mort pour la France
fantassin en décembre 1914
le 48ème régiment d'infanterie sur le départ en 1914
fantassin en mai 1915
Fils de Charles Émile, menuisier, né en 1859 à Hennebont (Morbihan) et de Victorine Marie Élisabeth CRABOT, née en 1864 à Hennebont, mariés en 1889 à Hennebont, et installés à Groix après quelques années en région parisienne, Charles Marcel Victor LE VEY est né le 12 juillet 1895 à Lorient. C'est le petit dernier d'une fratrie de 3 enfants
Arrivé à Groix, avec ses parents, vers 1900 alors qu'il avait environ 5 ans, il passe quelques années sur les bancs de l'école avant de faire son apprentissage de menuisier dans l'atelier de son père au bourg de Loctudy.
Au printemps 1914, il passe son conseil de révision à Port Louis. Il est déclaré "bon pour le service" et on lui attribue le matricule 303 / Lorient au recrutement.
Charles LE VEY est incorporé, pour son service militaire, le 16 décembre 1914, au 48° R.I. dont le dépôt se trouve à Guingamp dans la caserne de la Tour d'Auvergne. Il y reste quelques mois, le temps de sa formation militaire.
Charles LE VEY est transféré au 410ème R.I. en cours de constitution, basé au camp de Coetquidan, le 21 mars 1915.
Il décède le 25 septembre 1915 à Ville-sur-Tourbe (Marne).
Le 410ème R.I. fut formé officiellement le 31 mars 1915 au camp de Coëtquidan (Morbihan). Ce fut, dès le début, un régiment de jeunes où, à part quelques vétérans des premiers mois de la campagne de 1914 relevant de blessures, la classe 1915 fournit les premiers éléments et le plus gros effectif. Le 1er bataillon avait été constitué par des dépôts bretons de la 10ème région, le 2ème bataillon par des dépôts bretons et normands de la même région, le 3ème par des dépôts de l’Est installés en Bretagne à la suite de l’invasion de 1914.
Charles LE VEY y est affecté, à la fin de sa préparation militaire, le 21 mars 1915. Après être passé par le camp de Mailly pour peaufiner la cohésion et sa formation militaire, il fut affecté à la 151ème Division 301ème brigade avec le 403ème R.I.). Le 410ème monta pour la première fois en secteur, le 27 avril 1915, dans la Somme, entre Bray et Fricourt.
Dans la nuit du 30 avril au 1er mai, le régiment reçut le baptême du feu. A 20h30, l’ennemi fit exploser une mine sous le bois Français, dont la garnison comprenait la 2ème compagnie renforcée par une section et demie de la 4ème compagnie. Malgré les pertes relativement élevées: 21 tués, dont 1 officier, et 24 blessés, les hommes conservèrent leur sang- froid et firent, sur les tranchées allemandes, un feu si violent que l’ennemi ne put en sortir malgré ses cris répétés de «Worwärts !» (En avant), cependant qu’une escouade de la 2ème compagnie occupait l’entonnoir.
En se rendant sur le lieu de l'explosion, un sergent de la 2ème compagnie, trouva un de ses guetteurs – le seul qui fût encore debout – au milieu des cadavres et des débris de toute nature. Comme, il le félicitait d'être resté bravement à son poste, la sentinelle, qui s'appelait LE GOFF Gwénolé, lui répondit en breton, car il ne parlait que cette langue : « Puisque vous m'aviez dit, sergent, de ne pas bouger avant que vous ne veniez vous-même me chercher. »
Cette guerre de mines se poursuivit de part et d’autre tant que le régiment occupa le bois Français. Les hommes s’étaient habitués au danger de sauter d’un moment à l’autre. Leurs chefs leur donnaient d’ailleurs les plus beaux exemples de sang-froid; un jeune officier entre autres, venait passer ses nuits près de ses guetteurs et dormait dans la tranchée de première ligne plutôt que de coucher dans son abri.
Le 2ème bataillon, détaché alors du régiment, tenait, à quelques centaines de mètres à gauche, un secteur relativement calme où, une nuit du début de mai, une des patrouilles de la 7ème compagnie tua deux allemands dont elle rapporta les cadavres et s’empara d’un prisonnier, la première capture du régiment.
Au cours d'un coup de main effectué le 19 juillet 1915 par des éléments du 403ème, les unités du 410ème, voisines, souffrirent beaucoup du bombardement ennemi. Mais se maintinrent sur leurs positions, sans la moindre défaillance; la 10ème compagnie qui avait repoussé deux contre-attaques, eut alors ce beau geste: lorsque son commandant de compagnie passa devant elle, blessé et soutenu par deux brancardiers, spontanément, les hommes se levèrent, malgré la violence du bombardement, et présentèrent les armes, aussi droits et aussi calmes qu'à l'exercice. De tels gestes caractérisent bien le noble esprit d'une troupe dont ils sont l'honneur, tout comme celui du chef qui sait inspirer à ses hommes de semblables marques d'attachement.
un autre groupe d'hommes du 410ème RI
Le 5 août le 410ème quitte le secteur. Il embarque à bord de trains à Saleux (Somme) le 21 août pour Vitry-la-Ville où il débarque de nuit le lendemain. Le 26 il prend la garde d'un secteur, plutôt calme, à l'est du fortin de Beauséjour et ce jusqu'au 6 septembre.
quelques hommes du 410° RI au camp de Mailly
ligne de front dans la Somme (à l'est d'Albert) de la 151ème division
Le 7 septembre, après avoir passé quelques jours à Beauséjour, le régiment vient occupé les tranchées à Ville sur tourbe.
Le 22 septembre, le 410ème est au front, avec apparement un ordre d’attaque. Le 22 au soir l’artillerie française pilonne les lignes allemandes, sans réaction de celles-ci
L’objectif du régiment est de prendre les ouvrages 7972. Il doit se couvrir vers le bois de Ville sur tourbe. Sa zone d’action est limitée à l’ouest par la sape du calvaire (exclu), et le boyau (exclu) menant de 572 à cette sape. La partie incluse de la tranchée de Linden à l’est de ce boyau, les rives sud-est et est de l’étang et à l’est par une ligne jalonnée par l’intersection de la tranchée de Blainville et du ruisseau du déversoir. La tranchée 478 incluse, la 580 incluse et le chemin exclu allant vers le bois de Ville.
Les 23 et 24 septembre les bombardements préparatois continuent, toujours sans réponse des allemands. Dans la nuit du 24 au 25 les troupes prennent position dans leur position de combat. L’heure H est fixée à 9h15. Après 4 jours de beau temps permettant une préparation d'artillerie sans précédent par 1150 pièces de 75 et 900 pièces lourdes de tout calibre, la 2ème bataille de Champagne débutait, sous la pluie, le 25 septembre à 9h15.
L’attaque se produit sur tout le front de la brigade. Les 3 premières vagues des 3 régiments (outre le 410ème au centre, il s’agit du 293ème et du 403ème), au total 9 compagnies s’élancent à l’assaut des positions allemandes distantes de 350 à 550 m.
Dés leur apparition, les vagues du 410ème (le 3ème bataillon formant la 1ère et la 2ème vague d’assaut et la 1ère et 2ème compagnies du 1er bataillon formant la 3ème) sont accueillies par un feu violent de mitrailleuses et de mousqueterie; les hommes tombent toujours plus nombreux. Malgré ce feu, l’attaque continue. A première vague atteint, les tranchées du calvaire, de Goldberg et du ruisseau de l’Etang. Quelques uns poussent jusqu’à la tranchée de Gasten ou Gassen. Tout le reste est tué ou blessé avant de pouvoir atteindre ces tranchées… (cf le JMO)
Ceux qui avaient pu pénétré les tranchées ennemies sont attaqué et peu à peu après 16 heures de combat rentrent dans les lignes de départ. De toute évidence la préparation d’artillerie sur ce secteur n’a pas eu les effets escomptés et les défenses ennemies encore parfaitement efficaces. Sur ce secteur l’attaque a échouée.
Les pertes pour les 3 régiments s’élèvent à 56 officiers tués ou blessés et à 2 565 hommes tués, blessés, ou disparus soit près du tiers des 3 régiments. Et plus précisément pour le 410ème, on déplore 42 morts, 278 blessés et 391 disparus. Charles LE VEY fait parti de ces «pertes»
Tout pourtant ne fut pas vains. Au 7 octobre, après 13 jours de combats, les pertes pour l'ensemble du front attaqué s'élevaient à 138 576 tués, blessés et disparus. La consommation en obus de tout calibre à plus de 3 millions de coups tirés. Ils avaient conquis la 1ère position allemande sur 22 kms et étaient au contact de la 2ème position sur 12 kms en ayant avancé au plus de 4 kms ...
extrait de l'état des pertes du 410ème R.I.
Charles Marcel Victor LE VEY est tué à l'ennemi, Mort pour la France, lors des combats au nord de Ville-sur-Tourbe, le 25 septembre1915. Il venait d'avoir 20 ans et il était célibataire.
Le soir du combat, il est recensé parmi les disparus... mais il ne sera pas retrouvé dans les listes de prisonniers, ni son corps retrouvé sur le champ de bataille.
Un jugement déclaratif de décès est pris le 27 décembre 1920, il le déclare mort pour le France le 25 septembre 1915, sur le territoire de la commune de Ville-sur-Tourbe. Ce jugement est transcrit sur les registre de la commune de Groix, le 8 février 1921.
Comme beaucoup, le corps de Charles LE VEY n'a pas été retrouvé ou pas pu être identifié. Il se trouve probablement dans l'un des ossuaires proches, dans la Nécropole nationale du Pont de Marson (commune de Minaucourt Le-Mesnil-les-Hurlus, Marne) d'une superficie de 4,4 ha. 21 319 soldats français y sont inhumés, dont 9 096 dans des tombes individuelles et 12 223 dans six ossuaires.
Le nom de Charles Marcel Victor LE VEY est gravé sur les différents monuments mémoriels (à l'exception de celui de l'Église) de la commune de Groix.