Mort pour la France
dundees groisillons
3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient
Fils de Jacques Marie, un journalier, né à Ploemeur (Morbihan) en 1841, installé à Groix vers 1864, et de Hélène GUILLEMOT née à Plouay (Morbihan) en 1844, mariés à
Groix en octobre 1866, résidant d'abord au bourg de Loctudy, puis dans le village du Mené, Jean Marie KERANGOAREC est né le 30 mars 1884, à Groix, dans le village de Kervaillet.
C'est l'avant dernier d'une fratrie de onze enfants.
Après quelques années sur les bancs de l'école, Jean Marie suit la parcours de la quasi totlié des garçons nés à Groix. Vers l'âge de 11/12 ans il entre en apprentissage en s'embar-quant comme mousse sur les thoniers de Groix. A l'âge de 15 ans, vers mai 1899, il devient novice. Et vers mai 1902, il est inscrit définitif sur les registres de gens de mer du quartier de Groix sous le matricule 1663.
Vers mai 1904, il est appelé à faire son service militaire dans la marine d'État et il est affecté au 3ème dépôt des équipages de la flotte.
Après 4 années de bons et loyaux services, il est rendu à la vie civile en 1908 et il reprend ses activités à la pêche.
Jean Marie KERANGOAREC décède le 21 février 1919, à l'hôpital maritime de Lorient.
En août 1914, à la déclaration de guerre en août 1914, Jean Marie est âgé de de 30 ans, il est célibataire. Il est convoqué dès le 3 août 1914, au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient. En l'absence de sa fiche matricule, nous ne connaissons pas son parcours militaire durant la guerre.
Est-il embarqué ou dans une installation de défense côtière ?
Dans la promiscuité du dépôt des équipages à Lorient et en l'absence de consignes très précises, les marins militaires sont particulièrement vulnérables; Jean Marie KERANGOAREC contracte la maladie au début de février. Il est hospitalisé dans le service spécifique mis en place dans les locaux de l'hôpital maritime de Lorient (ou sur le "Calédonien dépendant de l'hôpital, à cette époque ?) et décède en quelques jours, le 21 février 1919 à 23 h des suites de sa maladie, contractée au service. Il est alors âgé de 34 ans, toujours célibataire.
Son acte de décès est dressé le lendemain 22 février 1919 dans le registre d'État-civil de la commune de Lorient.
Jean Marie est est inhumé dans le carré militaire du cimetière de Carnel, Lorient, carré 50 bis, rang 12, tombe 6.
La grippe dite "espagnole" frappe le pays à partir de septembre 1918. Elle fait de 250 à 300 000 morts en France, de 15 à 20 000 en Bretagne et pas moins de 5 à 6 000 dans le Morbihan. Entre la moitié et les deux-tiers de la population en a été victime, certains en sont morts.
Lorient se caractérise par le drame, de retentissement national malgré la censure, survenu au 3ème dépôt des équipages de la flotte. En mai 1918, le virus, importé par des militaires américains, se diffuse de Brest et arrive en octobre à Lorient: 143 jeunes marins âgés de 18 à 20 ans vont mourir en septembre-octobre 1918 et d'autres encore au début 1919. Drame brutal et très localisé qui doit être resitué dans une commune perdant alors près de 400 habitants des suites de l’épidémie, surtout des militaires, la population civile étant curieusement relativement épargnée.
Un parlementaire breton accuse la Royale de ne pas avoir pris, à Lorient, les dispositions qui s’imposaient. Le commandement a en effet décidé de regrouper les victimes sur le Calédonien, un navire présenté comme étant «un bateau mal tenu, malpropre, dont les moyens d’hygiène font complètement défaut». Ce bâtiment n’est pas le plus moderne de la marine française : lancé en 1884, le Calédonien est un trois-mâts de 4 300 tonneaux. Conçu initialement pour un équipage de 380 personnes, il est transformé par la suite en navire-école puis en caserne flottante et, enfin, en hôpital pendant la Grande Guerre. Au regard de ce parcours peu glorieux. Quiconque a déjà visité ses coursives sait combien le choix de placer en ce navire des malades de la grippe contrevient aux règles d’hygiène. Humidité et promiscuité sont en effet au rendez-vous. Un tel environnement est assurément nocif du point de vue de la contagion et renvoie plus aux mesures de quarantaine prises face à des maladies comme la peste qu’à une prophylaxie moderne. Symboliquement enfin, le Calédonien est un transport de troupes affecté au transport des bagnards vers la Nouvelle-Calédonie ce qui, implicitement, dit bien l’ostracisme dont font l’objet les malades…
Jean Marie KERANGOAREC est honoré de la mention "Mort pour la France", mais curieusement n'a pas été inscrit sur le monument aux morts de Groix, ni sur aucun autre.
carré militaire du cimetière du Carnel à Lorient