Mort pour la France
Arzon
la rue Hoche, à Vannes, à droite de l'hôtel de ville
Fils de Joseph Marie Fleury, dit Fleury, meunier, né à Ploemeur en 1856, installé à Groix quelques semaine après son mariage d'avec Joséphine Marie Louise LE MÉLÉDO, née aussi à Ploemeur en 1857, mariés à Ploemeur en avril 1883, résidant au moulin de Kerbus (ou Kerpunce), Armel Marie KERMORVAN est né le 18 janvier 1888 à Groix, dans le moulin de Kerbus. il est le quatrième enfant d'une fratrie de sept.
Après quelques années sur les bancs de l'école, Armel dont la famille n'a pas les traditions de la pêche dans le sang quitte l'île pour faire son apprentissage il sera ouvrier agricole, cocher, chauffeur dans une usine, c'est ce qu'il déclare lors de son conseil de révision en 1908. A cette époque, il réside à Arzon (canton de Sarzeau)
Il effectue son service militaire dans le 1er régiment de Zouaves, en Algérie, à compter du 11 octobre 1909. Il est rendu à la vie civile, le 24 septembre 1911. Il trouve alors un emploi de gardien à l'hôpital de Lesvellec (commune de Saint-Avé).
Armel Marie KERMORVAN se marie à Vannes le 15 avril 1912 avec Jeanne KERGAL, née en 1883 à ?. Ils résideront à Vannes, rue Hoche, et auront 5 enfants.
Quand la guerre commence en août 1914, Armel KERMORVAN est âgé de 26 ans. Il est mobilisé dès le 3 août 1914 au 116ème Régiment d'infanterie dont le dépôt se trouve à la caserne La Bourdonnaye à Vannes. Le régiment appartient à la 43ème brigade d'infanterie avec le 62ème R.I. de Lorient ( 22ème division - 11ème corps d'armée ).
Le 7 Août, à 19h, le premier échelon du régiment s’embarque en gare de VANNES, salué par les exclamations de la population et par les autorités de la ville. Après un long voyage, via NANTES, LE MANS, VERSAILLES, MEAUX et REIMS, le régiment débarque le 9 Août à 11h30 à GRAND-PRE (Ardennes). Un caporal de la 2ème compagnie écrit dans son journal: "le campement, prenant les devants sur la colonne, va préparer le cantonnement à AUTRUCHE, village situé à environ 15 km de Grand-Pré. Il fait une chaleur étouffante, la marche est très pénible au début; il nous faut faire des pauses toutes les demi-heures. Quelques soldats récriminent déjà contre les officiers ! Une femme nous offre de l’eau additionnée d’alcool, à notre passage, ce qui nous réconforte un instant. La vue du village d’AUTRUCHE qui se détache du milieu d’un groupe d’arbres nous redonne des forces pour achever les quelques kilomètres qui nous séparent de notre cantonnement; encore deux pauses et nous sommes à l’entrée du village. En un clin d’œil le cantonnement est trouvé : nous nous déséquipons, puis nous nous lavons, nous brossons nos effets, nettoyons nos armes et nos cuirs. Une heure après notre arrivée à AUTRUCHE, il ne paraît plus rien de la fatigue qu’a produite une marche très pénible; tous nous sommes frais et dispos. Au coucher du soleil nous visitons notre cantonnement avant d’aller confier notre corps au sommeil réparateur."
Le régiment atteint les rives de la Meuse et aperçoit au loin la ville de SEDAN. La route longe la ligne de chemin de fer. Dans les villages traversés, il ne reste plus aucun ravitaillement, les troupes les ayant précédées ayant tout pris. Le 116ème R.I. traverse la Meuse et fait halte. La nuit tombe, un second pont et c'est l'arrivée au village de DONZY - Le régiment doit faire demi-tour car il s'est trompé de route et finalement se perd dans la nuit noire. Une nouvelle pause, un nouveau départ vers 22h30 et ce n'est qu'à minuit, avoir avoir dû laisser passer le 35ème Régiment d'Artillerie que les soldats arrivent au village de MAIRY.
Lundi 17: "... Au point du jour, nous nous remettons en marche encore bien fatigués de la veille; nos sacs pèsent lourd sur nos épaules, notre estomac est creux et notre musette est vide. On nous distribue à la hâte du pain: c'est à peine si les officiers nous permettent d'acheter du chocolat de conserves dans les villages (Brevilly) que nous traversons..."
Arrivée à 8h00 à POURU-ST-REMY. Aucun cantonnement n'étant possible au village, occupé par de la cavalerie, les soldats, exténués de fatigue, doivent poursuivre leur chemin avant de faire halte à nouveau, puis demi-tour et enfin s'installer en cantonnement face à un grand bois, le dos tourné au village.
Mardi 18 à POURU - ST REMY - Vers 16h, l'arrivée d'un premier prisonnier (un uhlan capturé le matin même au cours d'une patrouille) provoque un attroupement devant la mairie.
Mercredi 19, toujours POURU - ST REMY - Vers 17h, une vive fusillade est déclenchée par le proche passage d'un biplan qui s'avère après coup être un avion Français. Heureusement, il n'est pas touché.
Jeudi 20 : Un bataillon se porte à ESCOMBRES
Vendredi 21: Départ à 9h00 sous une chaleur torride, provoquant l'évanouissement de certains soldats et passage de la frontière "...Bientôt nous atteignons le poste de douaniers, ceux-ci montent la garde, baïonnette au canon. Encore quelques centaines de mètres et nous atteignons le poteau frontière et la douane belge." - Traversées de plusieurs villages (Les Aubiers...) - En dépit d'un violent orage, les soldats doivent continuer leur marche sous la pluie - Vers 15h, c'est enfin la halte et l'organisation du bivouac en forêt de BERTRIX - "...Nous abattons des branches, nous faisons de grands feux, nous séchons tant bien que mal nos effets, mangeons avec appétit quelques côtelettes. Puis nous construisons à la hâte quelques huttes, les uns s’y couchent, les autres font le cercle autour des feux dont les flammes atteignent la cime des arbres". La pluie a cessé de tomber, mais beaucoup ne peuvent s’endormir car la nuit est très froide. "La guerre est un fléau terrible !" écrit déjà le caporal qui mourra le lendemain. On annonce toutefois qu'une patrouille de chasseurs vient d'être, en partie, faite prisonnière par les Allemands. "L'ennemi ne doit pas être loin de nous " note toujours le caporal.
Le 25 il bivouaque au nord de Chevenges et sur la route de Sedan, poussant en avant un bataillon qui arrive jusqu’à Iges. Ce bataillon, violemment attaqué, se replie après un dur combat et rejoint, le 26, le régiment.
Armel KERMORVAN ne participe pas à tout ce périple, il ne rejoint le front que le 25 aout, à a près la saignée du 22.
Le 26, vers midi, le combat s’engage et se poursuit jusque vers 16 heures où l’ordre est donné de se replier. Ce mouvement est rendu très difficile par suite de l’encombrement des routes et ce n’est que le 27 que le régiment atteint Malmy, à quelques kilomètres au sud de Saint-Aignan. Vers 15 heures, le 116ème, qui est en réserve, se met en marche vers le nord-est sur Chémery et Bulson. Un combat, soutenu, ce jour là, par les autres éléments de la D. I., se termine à notre avantage et on bivouaque sur les positions prises à 1 kilomètre de Bulson, après une explosion d’enthousiasme créée par ce succès.
Le 28, on reprend l’offensive et la situation reste longtemps indécise. Vers la ferme Saint-Quentin, les allemands gagnent du terrain et le régiment se replie vers les bois au sud- ouest de Chaumont. Il vient bivouaquer le soir dans les bois entre Bulson et Chéhéry.
Le 29, le mouvement de retraite reprend. On part avant le jour et on bivouaque, le soir, à Louvergny, après avoir traversé Chéhéry, Malmy, Vendresse.
Du 30 août au 7 septembre, la retraite continue par Rilly-aux-Oies, Attigny, Vaux, Champagne, Dricourt, Hauviné, Béthénneville, Moronvilliers, Prosnes, Mourmelon-le-Petit, Juvigny-sur-Marne, Saint-Pierre-aux-Oies, Soudron et Sommesous. Le 7 septembre, le régiment occupe la voie ferrée de Sommesous à Fère-Champenoise entre Normée et Lenharrée. Ce mouvement de repli ne s’est pas effectué sans quelques engagements qui ont occasionné des pertes assez sensibles.
Le 8, à 3 heures, le combat s’engage, après quelques heures d’une âpre lutte, le 116ème se retire dans la direction de Montepreu et de Semoine. Dans la nuit, il organise ses positions qu’il occupe pendant la journée du 9 sous un violent bombardement.
Armel KERMORVAN est été blessé lors des affrontements du 8 septembre. Il est évacué vers l'arrière pour les premiers soins puis sur l'hôpital complémentaire n°35 de Narbonne où il arrive le 13 septembre, pour en repartir le 25 vers le dépôt du 116ème RI à Vannes où il arrive le 26 septembre.
L'Hôpital complémentaire n° 35 de Narbonne est situé dans le collège communal, boulevard du Collège, il comporte 217 lits et il a fonctionné du 15 août 1914 au 29 décembre 1918. Il a reçu 9834 malades et blessés hospitalisés dont 68 sont décédés. Il avait 3 annexes: Ecole publique de la Cité, place de la Révolution - 70 lits; Institution privée Sévigné, 1 rue du Capitole - 140 lits et l'Institut Jeanne d'Arc, rue des Trois-Moulins - 45 lits.
Ascania
embarquement à Salonique
camp de Zeitenlick (Salonique - Grèce)
Le 20 novembre, l'artillerie bulgare entre à nouveau en action, bombarde nos positions ainsi que les bivouacs des unités en réserve; une violente attaque est prononcée contre l'aile gauche de la 122ème D.I. L'objectif de l'ennemi est le pont de Vozarci, seul passage sur la Cerna par lequel la 122ème D.I. pourrait se replier. Toutes les tentatives des Bulgares pour s'assurer la possession de ce passage important sont repoussées et, à la nuit, les éléments de la 122ème D.I. repassent sur la rive droite de la Cerna; le 45ème R. I. bivouaque près de Kavadar.
Le 22 novembre, vers 3 h.30, le bivouac est levé, le régiment se porte vers Koru et va, à la nuit, prendre position sur la rive droite de la Cerna, depuis son confluent avec le Vardar jusqu'à Ribarcy que nous occupons jusqu'au 3 décembre, période extrêmement pénible pour tous; les 26 et 27 novembre, la neige tombe sans interruption, le vent du Nord, appelé «vent du Vardar », souffle avec violence, les toiles de tente se déchirent sous le poids de la neige ; le thermomètre marque - 17°.
Le 3 décembre, dans la matinée, le feu de l'artillerie bulgare redouble d'intensité. On aperçoit sur la rive gauche de la Cerna des compagnies entières défilant en tirailleurs dans la neige, hors de portée de nos fusils; vers 13 h, les unités du 45ème qui sont en ligne reçoivent l'ordre de retraite sur Koru; le mouvement s'effectue par petits groupes; les Bulgares s'aperçoivent de notre repli; ils nous accablent de projectiles, nous occasionnant heureusement des pertes insignifiantes. Rassemblés à Koru, les 2ème et 3ème bataillons, par une marche que rend pénible la fonte de la neige, se portent sur Demir-Kapou où ils arrivent le lendemain 4 décembre vers 3 h. Le 1er bataillon s'est embarqué le 3 décembre à Krivolack à destination de Mirovca et Miletkovo.
Le 5 décembre, les 2ème et 3ème bataillons, qui doivent aller rejoindre le 1er, reçoivent l'ordre de rester en soutien de la 57ème D. I., le 2ème bataillon se porte à Orizar-Dren et le 3ème à Orizar à cheval sur la Bosava. Dans la soirée, profitant du brouillard, les Bulgares prononcent une attaque sur un bataillon du 235ème R. I. qui se trouve en première ligne. Deux compagnies du 3ème bataillon (10ème et 11ème) sont alertées et dirigées aussitôt sur le point menacé (Draccvika) où elles parviennent à rétablir la ligne en pleine nuit ; à 1 h., les 9ème et 12ème viennent renforcer les deux compagnies déjà engagées. Malgré des attaques continuelles, les Bulgares sont arrêtés toute la journée du 6 décembre et le 7, à 1 h., le 3ème bataillon recevait l'ordre de repli.
Après une marche de 27 heures en suivant la voie ferrée qui longe le Vardar, après avoir franchi de nombreux cours d'eau à gué, le 3ème bataillon arrivait à Smokvica le 8 décembre, vers 4 h. Le 2ème bataillon bivouaquait à Miletkovo où il restait jusqu'au 9 décembre. Le 7 décembre, le 1er bataillon qui se trouve dans la région de Miletkovo pousse des reconnaissances dans la région de Petrovo-Gabres; la 4ème compagnie, qui est en flanc-garde, est prise à partie par l'artillerie bulgare qui bombarde également les bivouacs; le 1er bataillon se replie sur Miletkovo.
Arrivé à Smokvica le 8, vers 4 h, le 3ème bataillon reçoit, à 10 h, l'ordre de lever le bivouac: il entre en ligne immédiatement dans une région coupée et accidentée, sa gauche à Indica, sa droite couvrant Smokvica à l'ouest et au nord-ouest.
Du 9 au 10 décembre, la situation est relativement calme. Le 11, à la pointe du jour, les Bulgares prononcent une violente attaque sur l'aile droite du 3ème bataillon; les 1er et 2ème bataillons, qui sont à Miletkovo, arrivent en renfort; malgré la violence de l'attaque l'ennemi est contenu durant tout le jour. Nos pertes sont sensibles, la 10ème compagnie a été particulièrement éprouvée. A la nuit tombante, l'ordre de repli est donné, la rupture ne se fait pas sans difficultés en raison de la proximité des Bulgares qui poursuivent leur offensive. Après avoir marché toute la nuit, le régiment passe sur la rive gauche du Vardar à Gjevgeli, se reforme vers Bogorodica, puis se dirige sur Bajalca, en territoire grec, où il va bivouaquer.
Armel KERMORVAN est nommé sergent le 15 décembre 1915
Le repli vers Salonique s'effectue sans incident; après avoir bivouaqué successivement à Vardarovci, Vatiluk et Topcin, le régiment va s'installer à Durmuslu où il arrive le 21 décembre. A partir de cette date, les troupes alliées vont travailler sans relâche à l'organisation d'un immense camp retranché qui doit permettre de couvrir Salonique.
Le 45ème R. I. aménage, face à l'ouest, la rive gauche du Vardar de Dogandzi à Topcin.
"Le 11 Août, le 116ème RI se porte sur la BERLIERE. Le départ d'AUTRUCHE a lieu au lever du jour Le caporal écrit : "...Les gens du village, les yeux pleins de larmes, assistent à notre départ; c'est que, pendant leur court séjour au milieu d'eux, les soldats Bretons ont su s'attirer des sympathie de la population..."
"....La marche est moins pénible que celle du 9. Cependant la poussière nous incommode beaucoup; à notre passage dans les lieux habités les gens nous présentent des seaux contenant de l'eau additionnée de vin rouge, de café; certains nous donnent même de la bière, de la liqueur. Une femme nous apporte des oeufs dans une corbeille...."
".... A 500 mêtres de La BERLIERE, il y a une sorte d'alerte: le commandant fait détacher une patrouille sur la droite du village que l'on fouille. A gauche, une section va occuper une position plus forte. Une émotion très vive s'empare de nous; allons-nous voir l'ennemi ....Ce n'est qu'une alerte; la patrouille est rappelée et ne signale aucun danger..." ".... J'apprends aussi le pourquoi de l'alerte de tout à l'heure. Les habitants ont averti notre avant-garde que pendant la nuit 500 cavaliers prussiens ont traversé le village à toute allure
... faux bruit sans doute ! ..."
Le régiment stationne à LA BERLIÈRE le 12 et le 13, en prenant un dispositif d'avant-postes. Les sections vont à l'exercice à proximité du village. De temps à autre un aéroplane est signalé. "... La concentration du XIème Corps étant terminée, la marche en avant commence le 14 Août. Départ vers 10h00 de LA BERLIERE pour YONCQ en passant par le village de LA BESACE. "... La marche est des plus agréables et se fait sans fatigue...". écrit le caporal. A YONCQ, des soldats du 17ème Corps les rejoignent et demeurent le temps de partager un repas en commun - Une partie des soldats dort en plein air dans un jardin voisin.
Samedi 15 : "... C'est la mi-Aout. Les cloches du village sonnent à toute volée appelant les paroissiens et les soldats au divin office ". L'ordre de départ de YONCQ pour THELONNE est "brusquement" donné vers 16h. Une pluie diluvienne, que double un orage, s'abat pendant près de 2 heures sur la troupe en marche dès le départ de YONCQ. Après une accalmie, la traversée du village de RANCOURT se fait sous une forte pluie. "...La nuit arrive ajoutant à notre infortune la difficulté de la marche qui ne se fait plus que par saccades. C'est trempé jusqu'aux os, couvert de boue, les pieds brûlants, que nous arrivons au village de THELONNE... Il est au moins minuit quand nous pouvons goûter un peu de repos étendus sur une maigre botte de paille..."
Dimanche 16 : "... Il est 5 heures... Debout !!! Dehors des soldats font des feux pour sécher leurs capotes et leur linge de corps tout en avalant un quart de jus bien chaud à la santé des Allemands. Il fait froid ce matin, enfin il ne pleut pas, ils s'estiment heureux..."
A 16h00, l'ordre est donné pour un départ à 17h00. Quelques minutes avant le départ, un soldat de la 2ème compagnie meurt brusquement d'une congestion.
Foret de Bertrix et le Semois
Le samedi 22 août, le départ du bivouac a lieu à 4 heures sur l’itinéraire Géripont, Fays-les-Veneurs, Launoy. Après un arrêt de 3 heures à Launoy, le régiment part à 11 heures pour Paliseul en direction de Maissin. La 22ème D. I. forme une seule colonne dans l’ordre suivant : le 19ème R.I. formant l’avant-garde, un bataillon du 118ème R.I., l' Artillerie divisionnaire, deux bataillon du 118ème R.I. et le 116ème R.I. Ordre est d’attaquer l’ennemi partout où on le rencontrera. Le 19ème R.I. rencontre l’ennemi au moulin de Villance et engage le combat ainsi que le 118ème R. I. Le 116ème prend une formation de combat en avant de la colonne, à 3 kilomètres sud-ouest de Maissin, et prend contact immédiatement avec l’ennemi, qui est retranché dans les bois, et les champs depuis plusieurs jours. Les quelques renseignements recueillis jusqu’alors signalaient l’ennemi dans la direction de Maissin sans aucune précision, le village de Maissin aurait été inoccupé.
Le combat s’engage immédiatement, c’est le baptême du feu. Dans un élan irrésistible, les officiers sabre au clair, les hommes de troupe baïonnette au canon s’élancent à l’assaut des positions allemandes fortement tenues et défendues par des fils de fer et de nombreuses mitrailleuses. La lutte est excessivement dure, les allemands, avec le concours d’une puissante artillerie, font des ravages dans nos rangs, tirent sans cesse sur nos fantassins qui, pour la plupart, sans avoir pu tirer un coup de fusil, avancent quand même. Rien n’arrête le 116ème, il continue sa progression malgré ses pertes. Il enlève de haute lutte toutes les positions allemandes et, poursuivant son élan, prend maison par maison le village de Maissin. Au moment où il s’organise dans le village de Maissin, il apprend que l’ennemi a réussi un mouvement débordant sur la droite de la 22ème division et reçoit l’ordre de se replier. Maissin est abandonné et le régiment se replie dans la direction de Paliseul.
Le 23, dans la matinée, le régiment se reforme à Bouillon et bivouaque, le soir, dans les rues de la ville. L’appel fait ressortir les pertes sensibles éprouvées la veille; 618 hommes tués, blessés ou disparus. Deux capitaines ont été tués, un capitaine est porté disparu. Parmi les blessés, on cite plusieurs officiers A partir du 24 août, le mouvement de retraite s’accentue. Départ à 5 h passage par Illy, grand'halte à Sedan, le soir le régiment passe la nuit aux alentours de Saint-Aignan.
Armel Marie KERMORVAN est affecté le 15 octobre 1914 au 45ème Régiment d'Infanterie dont le dépôt a été déplacé depuis le début de la guerre à Lorient. Il y reste plusieurs mois, à l'instruction avant d'être nommé caporal le 4 août 1915.
Le régiment était, le 7 octobre 1915, à Plivot, à l’est d’Épernay, en réserve d'armée, lorsqu'il reçut l'ordre de s'embarquer le 12 octobre à Épernay, à destination de Toulouse ; là, il devait se reformer pour être envoyé, avec la 122ème D I., sur le théâtre d'opérations des Balkans.
Arrivés à Toulouse le 14 octobre, les bataillons occupent des cantonnements à Blagnac pour le 1er bataillon et à Beauzelle pour le 2ème et le 3ème. Cette période de stationnement est employée à la réorganisation du régiment; des renforts arrivent pour compléter son effectif (c’est probablement à Toulouse qu’Armel KERMORVAN rejoint son régiment) des effets d'habillement et d'équipement neufs sont distribués aux hommes. On procède à la réception du matériel, des effets spéciaux et des animaux de bât nécessaires au corps expéditionnaire.
Le 27 octobre, le 1er bataillon embarque à Cette (Sète) sur le «Lake Michigan»; il arrive à Salonique le 4 novembre. Le 2ème bataillon embarque à la même date à Toulon sur l'«Ascania » et débarque le 3 novembre. Le 3ème bataillon ne s'embarquait que le 31 à bord du «Ménominée» et arrivait à Salonique le 9 novembre. A leur arrivée, les bataillons sont dirigés sur le camp de Zeitenlik à proximité de la ville où ils bivouaquent en attendant leur départ pour la Serbie.
Le 12 novembre, les 3 bataillons quittent le camp de Zeitenlik, s'embar-quent en chemin de fer pour être dirigés sur le théâtre des opérations (sur rive gauche de la Cerna). Après avoir passé le défilé de Demir-Kapou, les trains transportant les troupes sont pris à partie par l'artillerie de montagne bulgare en batterie sur la rive gauche du Vardar. Le bombardement continue sans occasionner de pertes, jusqu'à la station de Krivolak où les bataillons débarquent et se dirigent sur Kavadar; le régiment se rassemble, bivouaque à proximité de ce village dans la nuit du 13 .
Le 14 novembre, le régiment se porte sur la rive droite de la Cerna qu'il traverse à Vozarci sur un pont de bois de solidité douteuse; c'est en colonne par un et en rompant le pas que les unités passent sur l'autre rive. Dans la soirée du 14, le 1er bataillon établit des tranchées dans la région de Sirkovo, les deux autres bataillons bivouaquent en arrière de la première ligne, à l'ouest de Rosoman, Tristani, Kamendol.
Le 15 novembre, les 2ème et 3ème bataillons relèvent les unités du 284ème R.I. qui ont été engagées les jours précédents et occupent des éléments de tranchées sur les pentes est de la région montagneuse (rive gauche de la Cerna) face à Cicevo et Krussevica. Jusqu'au 20 novembre, calme à peu près complet. De nombreuses patrouilles sont poussées de jour et de nuit en avant des lignes pour maintenir le contact avec les Bulgares dont la marche en avant semble être arrêtée dans la région.
une autre vue du camp de Zeitenlick
un bataillon monte au front
carte de la région de Salonique
carte du camp retranché de Salonique
Petit Journal du 9 juillet 1916
Après l'hivernage la campagne reprend en mai 1917
Le 10 mai; le régiment, qui occupe toujours le même secteur depuis le mois d'août 1916, est relevé par les troupes helléniques de la Défense Nationale. Le 1er bataillon va occuper la «Table de Roc» et le 2ème, les pentes sud de «La Bosse» au nord du village de Ljumnica; le 3ème bataillon, qui doit prendre part à l'attaque de Srka di Legen, occupe les hauteurs dominant la rive droite de la Ljumnica au nord de Kupa.
Le 11 mai, trois bataillons de chasseurs prononcent leur attaque sur la Srka, malgré les difficultés du terrain et la violence du bombardement; les premiers ouvrages bulgares qui se trouvent à 1.000 mètres d'altitude sont enlevés, le 3ème bataillon occupe les objectifs qui lui ont été indiqués entre le Srka et la Bosse.
Au mois d'août, le régiment quitte le secteur de Ljumnica et va occuper, au nord de Mayadag, les hauteurs du Dromadaire et du Raviné sur la droite de la Ljumnica, les villages de Hadzi-Bari et de Barakli. Secteur très mouvementé, soumis à des coups de main fréquents et à des bombardements continuels.
Les effectifs se réduisent à vue d'oeil, la dysentir et le paludisme font de gros dégâts.
Armel KERMORVAN est évacué le 26 août en raison de son état de santé qui s'aggrave (Paludisme).
Après une période de soins (paludisme grave) à l'hôpital mixte de Vannes et de convalescence en permission du 15 septembre 1917 au 1er février 1918, permission qu'il passe en famille à Vannes, Armel KERMORVAN est réaffecté au 116ème R.I. le 2 février 1918.
Embarqués en camions le 18 octobre à 7 h, le régiment débarque le soir à Gueux (ouest de Reims) et y cantonne. Le lendemain, il commence un mouvement à pied vers le nord. Le 22, il se trouve dans la situation suivante: le 2ème bataillon en 1ère ligne vers la station de Mizy-le Comte (1er bataillon en soutien, 3ème en réserve). Dans les nuits du 22 et du 23 au 24, le 2ème bataillon envoie de fortes reconnaissances qui gagnent du terrain en avant de la station.
Le 25 octobre a lieu une vaste offensive de la Vème armée dans le secteur de Saint Quentin le petit. L’attaque est menée par le 1er bataillon. Le 2ème bataillon suit en soutien, le 3ème en réserve. Le 1er bataillon a en ligne, à gauche la 3ème compagnie, à droite la 2ème. La 1ère compagnie est en soutien derrière la 2ème, la C. M. est répartie entre les 3 compagnies. A 7 h, derrière le barrage roulant, le 1er bataillon se porte en avant dans la position indiquée. Les compagnies de tête atteignent l’objectif à 7 h. 30, ayant du, au début accélérer l’allure pour coller au barrage roulant qui avait pris naissance trop loin de la base de départ. Pendant cette progression, la compagnie de droite fait 12 prisonniers. La compagnie de gauche, 15. Les opérations de cette progression préliminaire sont menées contre les avant- postes.
A 9 h, la marche est reprise derrière un barrage roulant et avec l’appui de deux sections de chars d’assaut. Dès que les compagnies de tête arrivent sur la crête, les mitrailleuses ennemies entrent en action; la section de chars dépasse la première ligne de groupes de combat. Une pièce anti-tanck se dévoile En s’engageant dans le ravin, deux chars d’assaut sautent, probablement atteints par le canon anti-tancks. L’infanterie arrive sur les fils de fer couvrant la tranchée à enlever, constate que le réseau est intact. Devant cette situation, le sous-lieutenant commandant de la section de tête, se précipite sur les défenseurs du chemin, masqué derrière une barricade, et les attaque à la grenade; un violent combat s’engage, la 2ème compagnie a 2 hommes tués et 5 blessés. Devant la violence de l’attaque, les allemands lèvent les mains. Le sous-lieutenant continue, se jette dans la tranchée sud de la position Hunding, y engage un combat à la grenade, et réduit l’un après l’autre les îlots de résistance ennemis. Au bout de trois quarts d’heure, toute la tranchée est prise.
Au même moment, la 3ème compagnie, appuyée par 4 chars d’assaut, se met en marche vers le premier objectif et est accueillie immédiatement par des feux de mitrailleuses extrêmement intenses. Devant la difficulté de progresser en terrain découvert, son capitaine commande d’utiliser le lit d’un ruisseau en y faisant des bonds rapides et en tirant. A 50 m des premières maisons de Saint-Quentin, il devient impossible d’avancer. Avec l’aide des trois tancks qui lui restent, le capitaine lance sa compagnie vers la route de la cote 123 à l’ouest du village et y arrive d’un seul bond; mais, de là, il est encore impossible d’avancer: un nid de mitrailleuse, entouré de fil de fer, tire les hommes à 15 m et tous les chars sont hors de combat.
Cette situation se prolonge jusqu’au moment où le chef de bataillon ayant donné l’ordre au capitaine de la 1ère compagnie de se jeter dans le village. Une section de la 1ère compagnie réussit à progresser et à faire taire les mitrailleuses qui étaient dans les maisons et à s’installer à 150 m au nord du village.L’objectif est atteint à 12 h.15. Dix prisonniers sont faits au cours de cette progression. Les 5ème et 7ème compagnies viennent étayer l’occupation du village de Saint-Quentin jusqu’au lendemain 26, au moment où le II/116e a été regroupé .
Le succès remporté par le 1/116e est des plus remarquables. Il s’avance contre des tranchées et une localité puissamment organisées et abondamment pourvues de mitrailleuses. Cette progression s’est faite par les pentes et le fond du Ruisseau, alors que, sur les crêtes tenues par l’ennemi, les régiments voisins ne progressent que beaucoup plus lentement jusqu’au fils de fer de la «Hunding-Stellung». Le I/116ème capturait, dans Saint-Quentin-le-Petit, plus de 40 mitrailleuses, 1 canon anti- tanck et un matériel important. Malheureusement le 1er bataillon a payé cette glorieuse journée par des pertes sérieuses,
Le 2e bataillon se porte successivement sur la base de départ (crête 103-124) puis sur l’objectif intermédiaire (carrière à 300 m. de la cote 87) lorqu’à 9 heures, le bataillon d’attaque se porte à l’assaut du 1er objectif. L’ennemi se venge de son échec en bombardant de nouveau Saint- Quentin avec des obus de gros calibres.
En raison de la situation générale, l’ordre parvient à ce moment de regrouper les compagnies du bataillon dans les tranchées au sud, en liaison avec les régiments voisins, et de reprendre l’attaque dans des conditions qui seront fixées lorsque le village sera entièrement nettoyé par les éléments du 1er et du 2ème bataillons. Il est 14 h, le nettoyage et la conquête définitive du 1er objectif se poursuivent, les 9ème et 11ème compagnies se tiennent prêtes à soutenir les 1er et 2ème bataillons, A la nuit, le 2ème bataillon est regroupé au sud de St-Quentin-le-Petit: la 9ème compagnie dans la dépression à la cote 103: la 11ème dans les boqueteaux de la dépression au sud; la 10ème au sud de la cote 103.
Le 116ème s’est emparé, le 25 octobre, d’une partie formidablement organisée de la Hunding-Stellung, un élément important de la ligne Siegfrid et opiniâtrement défendue. Le nombre de prisonniers capturés par le 116ème R. I., dans la journée du 25, atteignait 150; en outre, une cinquantaine de mitrailleuses, un canon de 77 anti-tancks, servi par un officier et 6 hommes et enlevé de haute lutte, restaient entre nos mains. Deux gros dépôts à munitions et matériel contenant des approvi-sionnements étaient conquis.
Les pertes du régiment atteignent à peine : 150 hommes hors de combat.
Le chiffre peu élevé de ces pertes, disproportionné avec la résistance éprouvée s’explique par la résolution et l’élan avec lesquels les soldats se sont portés en avant, et le sang froid et l’habileté de tous
En débouchant de la lisère nord du village, l’infanterie trouve devant elle un réseau de fils de fer intact, défendu par une tranchée qui était ignorée. Deux feux flanquant l’obstacle empêchent toute progression. Les hommes ne pensent pas à se retirer. Attirés par l’abri des maisons et murs de la lisière nord du village, ils se cramponnent à l’adversaire et creusent leurs trous individuels à une cinquantaine de mètres de la tranchée ennemie, qui pourtant, la domine, et s’y maintiennent malgré les jets de grenades. Mais cette opiniâtreté à maintenir l’ennemi à la gorge devait éviter à nos hommes des pertes sévères: les allemands n’osent déclancher leur tir d’artillerie sur eux, de crainte d’atteindre les leurs. Ils s’acharnent à concentrer leurs projectiles de tous calibres sur le village même que nous n’occupons pas et ne causant que des pertes légères à nos hommes.
Le soir du combat, le commandant du 1er bataillon déclarait: «Je reconnais la valeur de nos hommes et je savais que je pouvais compter sur eux, mais leur bravoure, leur ardeur a dépassé toutes nos espérances. Ils se sont portés en avant avec le même ordre, le même calme qu’à la manœuvre. Ils m’ont enthousiasmé ! »
Le 26 octobre, les 5ème et 7ème compagnies sont retirées de la 1ère ligne. La 5ème est ramenée dans les carrières de la cote 103; la 7ème, à l’est de la cote 87, où tout le bataillon a reçu l’ordre de se regrouper pour constituer une réserve disponible pour la défense du village; ce mouvement se fait sans pertes, quoique exécuté entre 7 et 8 h. Les deux compagnies ont montré pendant cette attaque de brillantes qualités, bien que très fatiguées par trois jours de reconnaissance et d’occupation d’un sous-secteur non organisé (22, 23, 24 octobre).
Le 1er bataillon reste seul sur les positions conquises et en maintient l’intégrité. Le 3ème bataillon doit prendre ses dispositions pour déboucher du 1er objectif lorsque les deux régiments voisins en débouchent eux-mêmes pour se porter à l’attaque du 2ème objectif. Le 3e bataillon est regroupé, dans la nuit du 26 au 27, sur ses emplacements de la veille. Le 1er bataillon se maintient dans le village de St-Quentin, malgré le bombardement intense de l’ennemi par obus explosifs de tous calibres, toxiques et minens, malgré une position en flèche dominée de toutes parts par les tranchées ennemies tenues par un adversaire agressif. Le 2II/116e conserve les mêmes emplacements.
Le 28 octobre, le régiment reste encore toute la journée sur ses positions. La journée est marquée par une grande activité de l’artillerie ennemie.Le village de Saint-Quentin, les arrières et particulièrement le P. C. du colonel, à la station de Nizy-le Comte, sont violemment bombardés.
Dans la nuit du 28 au 29, le régiment est relevé. les bataillons se dirigent sur la ferme Merlet (près d’Aguilcourt), où ils arrivent le 29, entre 7 et 9 h.
Le 116ème termine la campagne sur cet exploit qui lui vaut une quatrième palme avec la citation à l’ordre de la Vème armée.
Le 30 octobre, le régiment atteint ses cantonnements de repos : Trigny, Châlons-sur- Vesle, Chenay et Merly.
Mai 1916, la reprise de l'offensive
Le 5 mai 1916, les 1er et 2ème bataillons lèvent le bivouac près de Durmuslu, passent sur la rive droite du Vardar et vont occuper, en liaison avec le 148ème R. I., la ligne de hauteurs qui s'étend du Vardar au massif du Gandac. Le 7 mai, le 3ème bataillon occupe sur la rive droite du Vardar, les villages de Hidirli et Kubsbali où la population indigène a été invitée à remettre les armes qu'elle détient; le bataillon regagne, le 9, le bivouac de Durmuslu qu'il quittera le 18 mai pour rejoindre les deux autres bataillons du 45ème R. I. Il arrive à Bohemica le 19 et va bivouaquer entre Izvor et Gorgop. Les 3 bataillons du régiment travaillent activement à la création des routes pour permettre à l'artillerie de suivre l'infanterie qui va reprendre le contact avec l'ennemi; des pistes muletières sont aménagées pour assurer le ravitaillement en vivres et munitions.
La prise de contact ne s'effectue efficacement que le 20 août, à la suite de plusieurs bonds qui amènent le régiment sur la rive droite de la Ljumnica; les Bulgares occupent en face de solides positions aménagées depuis 8 mois, sur les hauteurs de la rive gauche de la Ljumnica. Cette progression a été faite sans combat violent; seuls quelques engagements de patrouilles occasionnèrent de légères pertes; néanmoins, les unités du régiment ont un effectif très réduit, le paludisme et la dysenterie ayant fait de gros ravages .
Le 9 octobre, la 2ème compagnie prononce sur les crêtes rocheuses (dite la Locomotive) une brillante attaque et conserve la presque totalité des positions conquises, malgré la violence des contre- attaques. La 2ème compagnie est cité à l'ordre du jour de la Division.
Le 11 novembre, une attaque de plus grande envergure est ordonnée au 1er bataillon dans le même secteur; l'attaque est couronnée de succès, les Bulgares sont chassés des dernières positions qu'ils occupent sur les crête rocheuses; le 1er bataillon conserve tout le terrain conquis malgré de nombreuses contre-attaques qui nous occasionnent quelques pertes. Le 1er bataillon est cité à l'ordre du jour de l'Armée
Le 11 décembre, le 2ème bataillon reçoit l'ordre d'attaquer la position importante du «Broussailleux» et. la ligne de tranchées comprise entre ce point et le «Dromadaire» ; l'attaque réussit parfaitement et les Bulgares ne conservent plus, sur la rive droite de la Ljumnica, que quelques postes avancés. Les 5ème et 6ème compagnies dsont citées à l'ordre du jour de la division.
assaut bulgare
une section de mitrailleur du 45ème R.I. en 1916
Il est d'abord détaché, le 14 février 1918 à Nort-sur Erdre (Loire Atlantique), auprès de la minoterie de Vault qui fabrique de la farine déshydratée.
Le 18 août 1918, il est renvoyé au front dans le secteur d'Auberive-sur-Suippe où se trouve le 116ème RI.
Depuis le 20 juillet où le régiment a repris une partie du terrain que nous avions cédé à l’ennemi, ramenant 7 prisonniers. Le 21, une contre- attaque est repoussée., le calme renaît. Rien à signaler jusqu’au 14 septembre, à part 2 ou 3 coups de main sans résultat tentés par l’ennemi.
Le 14 septembre, le régiment est relevé et va cantonner dans les environs de Châlons. Pendant cette période d’occupation de secteur, il a perdu 4 officiers blessés, 1 disparu et 3 intoxiqués. Pour les hommes de troupe, ce sont 28 tués, 105 blessés, 53 disparus, et 97 intoxiqués.
A partir du 22 septembre commence une série de marches de nuit qui nous amènent, le 25, à proximité de Somme-Suippe. Le 26, l’armée Gouraud prononce une grande offensive, l’attaque déclenchée à 5 h. 25, se poursuit dans de bonnes conditions, et le 116ème se porte en avant. Le 27, nouveau bond en avant, et, le 28, le régiment est en réserve dans les tranchées à l’est de la butte de Souain. Dans la nuit, il relève le 170ème R. I. dans les trous de tirailleurs au nord du bois de l’Agneau.
Le régiment, échelonné par bataillons successifs, attaque à 10 h. Premier objectif : Système de tranchées du bois des Epines, comprenant plusieurs lignes de tranchées. Deuxième objectif : Tranchées de la tête du Ravin d’Aure et du bois en V 52 (au nord-est de Torholz). Troisième objectif : Tranchée d’Aure au nord du grand bois du Carrefour. Quatrième objectif : Vers Orfeuil. Après une violente préparation d’artillerie, le bataillon de tête III/116e, oubliant ses fatigues, s’élance sur ces objectifs. Il est précédé d’un barrage roulant à la vitesse de 50 m en deux minutes. Le II ème bataillon l’appuie en suivant dans son sillage A 10 h. 20, l’objectif est atteint et de nombreux prisonniers affluent vers l’arrière. Ils ont laissé leurs tranchées bien garnies de munitions alimentant plus de 30 mitrailleuses et mitraillettes. La progression continue suivant l’horaire fixé. A midi, les deux compagnies de première ligne étaient devant le deuxième objectif, mais ces deux compagnies, entraînées par leur ardeur, se trouvent très en flèche par rapports aux régiments voisins, et une contre-attaque ennemie les force à céder provisoirement une partie du terrain conquis. Elles reportent leurs lignes, à 16 h, sur les points suivants : Torholz et chemin passant au nord de Fuchs-Bush. Cette première ligne est tenue par trois compagnies et demi des 2ème et 3ème bataillons. Le soir, le 3e bataillon est sur la ligne Torholz et la crête qui se prolonge plus à l’est par Fuchs-Bush jusqu’à la limite du sous-secteur d’engagement. Le bataillon de soutien est à l’ouest du bois des Ronces, le bataillon de réserve dans le bois des Epines. Le P. C. du colonel est au bois de l’Agneau. Dans la journée du 29 septembre, le régiment fit 300 prisonniers dont 4 officiers, prit une trentaine de mitrailleuses et un matériel important de toute sorte. L’artillerie ennemie réagit fortement dans la soirée sur toute la zone tenue par le 116ème R. I.
Le 30, il attaque sous la protection d’un barrage roulant à la vitesse de 100 mètres en 5 minutes, le III/116ème a pour mission de s’emparer de V. 52. Le II/116ème le deuxième objectif (tranchée à la tête du ravin d’Aure), puis ces deux bataillon doivent progresser par infiltration dans les bois, leurs compagnies échelonnées en profondeur. Le I/116ème doit suivre en deuxième ligne avec 2 compagnies en première ligne et une en renfort. A 12 h. 10, le 3ème bataillon atteint son objectif; le 2èle bataillon a dépassé son objectif de 300 mètres et continue a progresser dans la direction de la tranchée d’Aure, après avoir brisé toutes les résistances ennemies. A 16 h, le 2ème bataillon arrive aux tranchées d’Aure (nord du grand bois du Carrefour). Le 3ème bataillon occupe toujours V. 52. En fin de journée, le 2ème bataillon tient une ligne à 200 m au sud de la tranchée d’Aure. Le 3ème bataillon fait face au nord-ouest ; sa ligne passe au nord de V. 52. Il est en contact avec l’ennemi.
La soirée est marquée par une violente contre-attaque de l’ennemi déclenchée sur la 9ème compagnie vers le bois V.52. Cette contre-attaque fut repoussée immédiatement avec l’aide de chars d’assaut en causant de lourdes pertes aux assaillants. Au cours des combats de la journée, le régiment a fait de nouveaux prisonniers Le 30 au soir, après avoir brisé toutes les résistances ennemies, les bataillons de première ligne ont l’impression très nette que le régiment pourrait avancer facilement si ce n’était sa situation en flèche : celle-ci les met dans une situation difficile par rapport aux autres régiments qui n’ont pas autant progressé sur les flancs et avec lesquels il assure difficilement la liaison en raison de l’extension du front résultant de la position en flèche.
Le 1er octobre, après une préparation d’artillerie, l’attaque a lieu à 15 h sous la protection d’un barrage roulant à la vitesse de 100 m en 5 minutes. Une compagnie du bataillon de droite (II/116) arrive à progresser jusqu’à la lisière N. du bois de la Croix. Il est 15 h. 20. Mais contre-attaquée violemment par deux compagnies 1⁄2 venant d’Orfeuil, elle est obligée de se replier. Le bataillon de gauche (III/116) occupe la tranchée (sud). La 10ème compagnie n’a pu progresser vers l’ouest.
La situation en fin de journée est la suivante: la tranchée d’Aure constitue la première ligne occupée par le régiment; le 2ème bataillon, qui avait progressé jusqu’au bois de la Croix, s’est replié sur cette tranchée, poussé par une forte contre-attaque ennemie. Au cours de la journée, 53 prisonniers, dont 2 officiers, qui venait d’être engagé. Un matériel important a été pris, dont plusieurs mitrailleuses et une batterie de 77 enlevée de haute lutte à ses servants.
Le 2 octobre, le régiment doit rester sur place et améliorer ses positions. A la pointe du jour, les compagnies de première ligne tentent de s’emparer de la tranchée d’Aure (nord). Un détachement de la 9e compagnie prend pied dans la tranchée et ramène un officier prisonnier. A 18 H. 15, après une violente préparation d’artillerie, les allemands, se porte à l’assaut de nos lignes. En certains points, les premières vagues, se présentent les bras levés, en crian : «Kameraden !» Mais les officiers ont éventés cette ruse et font ouvrir un feu violent de mitrailleuses et de mousqueterie qui fauche les colonnes d’assaut. Une compagnie ennemie entière est couchée sur le parapet, quelques groupes, qui ont réussi à pénétrer dans notre ligne, sont rejetés après un violent corps à corps. Un officier et 5 hommes restent entre nos mains. Ils confirment que nos feux de mitrailleuses ont causé des pertes énormes aux assaillants. Les 2ème et 3ème bataillons maintiennent intégralement leurs positions.
Le 3 octobre, à 13 h, le régiment est dépassé par la 2ème D. I. US. Vers le soir, tout le régiment est en position au N. O. de Somme-Py. Aucun changement jusqu’au 5, où le régiment est relevé et dirigé sur Bussy-le Château. Au cours de ces journées de combat, nous avons perdu : 3 officiers, tués, et 9 blessés. ; 89 hommes de troupe, 449 blessés, 11 disparus. Quelques jours après, le 116ème obtenait sa 3e citation à l’ordre de l’armée
Le 6, il va occuper des cantonnements de repos à Omey, Pagny, la Chaussée-sur- Marne, Vésigneul-sur-Marne au S. E. de Châlons. Après quelques jours de repos, le régiment quitte ses cantonnements le 14 octobre. Il fait route vers le nord et, après avoir stationné à Francheville et à Suippes, arrive le 16 dans la zone de Souain.
Jusqu’au 15 novembre, le régiment occupe les mêmes cantonnements. C’est là que, le 11 novembre, la nouvelle de l’Armistice vient l’atteindre. Le 15, le 116ème se porte à Aumenancourt où il stationne jusqu’au 20. Le 21, commence un mouvement par étapes vers le nord. Par Rethel, Sedan, Bertrix; le régiment arrive, le 29 novembre, dans la région de Bastogne (Belgique) où il cantonne.
Le 28 décembre, on remet au Drapeau du 116e la fourragère aux couleurs de la Médaille Militaire. Le 30, on apprend que la 170ème D.I. est dissoute et que le 116ème R.I. doit rejoindre son ancienne D.I., la 22ème. Le 31, le régiment se met en route pour la rejoindre dans la région de Montmédy où il stationne à partir du 6, occupant les localités de Velonnes, Bazeilles, Epieds.
Le 15 janvier 1919, le 1er bataillon se rend à Longuyon, où le 3e bataillon va le rejoindre le 27. Le 3 février, un bataillon du 116ème est désigné pour se rendre à Luxembourg pour assurer la garde d’honneur au Quartier Général du Maréchal Foch. Le 5 février, les éléments du 116ème font leur entrée à Luxembourg, musique en tête, drapeau déployé, au milieu des acclamations des habitants. Les troupes défilent devant le général, gouverneur le la place.
Le 24 le 3ème bataillon se porte sur Cons-Lagrandville, et, le 26, le 2ème bataillon fait mouvement sur Longwy. Commence alors la démobilisation par étape.
Le 28 mars 1919, Armel KERMORVAN est dirigé sur le centre de démobilisation de Mailly. Il est démobilisé le 31 mars 1919. Il est alors âgé de 31 ans
Il se retire dans sa famille à Vannes, au 24 rue Drezen
La Commission de réforme de Vannes du 27 novembre 1929 maintient Armel KERMORVAN au service armé, son invalidité étant évaluée à moins de 10%, la Commission écrit "paludisme invoqué sans séquelles appréciables"
Un nouveau passage devant la Commission de réforme de Vannes du 4 février 1931, lui vaut les mêmes annotations "Paludisme invoqué, sans signe objectifs... Léger éréthisme cardiaque".
Armel Marie KERMORVAN décède le 19 juillet 1931 des suites de son état de santé particulièrement dégradé après ses 54 mois de guerre, il est âgé de 43 ans. Il ne reçoit aune marque de reconnaissance pour sa blessure et sa maladie contractée au service.
Son frère , Charles Aurélien KERMORVAN
Né le 12 septembre 1890 - Groix (Morbihan)
Mobilisé au 402ème R.I. ,a été fait prisonnier le 29 septembre 1915 dans le secteur de Sainte Marie à Py (Marne) (plus de 1600 hommes de 402ème disparaissent ce jour-là)
détenu à Munster (Allemagne)
A été rapatrié le 21 décembre 1918
Réaffecté à la 11ème section d'infirmiers
S'est marié à Vannes, le 17 mai 1919, avec avec Alphonsine Jeanne Marie LE BOULAIS, infirmière °1891 +1982
A été employé aux chemins de fer de la compagnie Paris Orleans de 1919 a 1944
Décédé avant 1970