Mort pour le France
3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient
exercices dans la cour du 3ème dépôt
Fils de Joseph, journalier, né à Baud (Morbihan) en 1855 et de Félicité POQUET, née à Erdeven (Morbihan) en 1859, mariés à Plouharnel le 15 janvier 1890, résidant à
Plouharnel, dans le village de Kerhellegant, Jean François Marie LE RUYET est né le 31 août 1891 à Plouharnel, dans le village de Kerhellegant.
Après quelques années sur les bancs de l'école, il fait son apprentissage de marin-pêcheur en embarquant comme mousse, puis comme novice.
A 18 ans, en 1909, il est inscrit définitif sur le registre des gens de mer du quartier de ? sous le matricule n° ?.
En 1911, il est levé pour effectué son service militaire dans la Marine et est affecté au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient. Au cours de son service, il est breveté chauffeur.
Rendu à la vie civile, il reprend ses activités à la pêche
En août 1914, il est âgé de 23 ans. Il est mobilisé au 3ème dépôt des équipages à Lorient. Sans affectation, il est mis à disposition d'un armement de transport maritime.
Jean François LE RUYET se marie à Groix avec un groisillonne, Amélie Sophie RIO née en 1894, le 5 août 1916.
Jean François LE RUYET décède le 15 mars 1917, en mer.
cargo charbonnier, à vapeur, CIRCÉ II
Il a été construit par les Chantiers de France à Dunkerque pour le compte de l'armement LE QUELLEC et fils dont le siège était à Alger
De 350 pieds de long et de 49 de large, et d'environ 4 375 tx, il est mis à flot en 1910. Il est réquisitionné à Alger, le 15 août 1914, puis racheté au début 1917
par une filiale de la Compagnie Française des Chemins de Fer Paris-Orléans, la Société Maritime Auxiliaire de Transports de Nantes.
Il a été torpillé et coulé le 15 mars 1917 dans le sud Irlande par le sous-marin U 70 (KL Otto Wünsche) par 49°10N et 08°50W, à 96 milles dans le SW de Bishop Rock.
le Circé II , le jour de son lancement
J.O. du 12 janvier 1922
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Il apparaît aussitôt à tous que le navire est perdu, en danger de couler à chaque instant. L’appel est fait aux postes d’abandon et tout l’équipage embarque dans la
baleinière bâbord et le petit canot bâbord. Le capitaine embarque en dernier (des survivants) et les embarcations s’écartent du navire. Le mécanicien SÉVILLON est placé dans le petit canot, mais
il décèdera de ses brûlures au cours de la nuit.
Le petit canot est le dernier à s’écarter du bord. C’est alors que prend place un incident rapporté dans le rapport du chef mécanicien, et qui semble
incompréhensible. Celui-ci déclare être remonté de la machine avec retard, avoir aperçu le petit canot à une quinzaine de mètres et avoir lancé des appels. Du canot on a crié «Au large…au large…»
et on l’a abandonné à bord. Aucun des six marins qui étaient dans le canot, dont le 2ème mécanicien CARABEUX, n’a entendu le moindre appel, et tous affirment
que jamais le cri «Au large » n’a été lancé.
Le capitaine fait l’appel et constate qu’il manque 4 hommes: deux chauffeurs, un mécanicien et le chef mécanicien, GONTIER. Il
répartit les naufragés dans les deux embarcations, confiant le petit canot au second. Les embarcations reviennent le long du navire qui s’est lentement redressé pour récupérer d’éventuels
survivants, mais personne n’est aperçu sur le pont. Jugeant qu’en raison de l’énorme voie d’eau, le navire va sombrer et qu’il faut profiter du beau temps
pour sauver son monde, le capitaine, après avoir consulter les principaux de l’équipage, décide de faire route vers la côte. La nuit ne permet pas de voir couler le
CIRCÉ.
Le lendemain vers 11h00, le vapeur anglais GORDONIA aperçoit le CIRCÉ toujours à flot et s’étant approché voit un signal transmis par pavillons «
Je n’ai plus d’embarcations ». Il met alors un canot à la mer et va recueillir le chef mécanicien GONTIER, qu’il déposera à Gibraltar. Mais il va aussi, et surtout, sauver les papiers du bord et les documents secrets que le chef mécanicien a trouvés, laissés à bord. C’est
sans doute ce qui va être le plus reproché au capitaine.
Le CIRCÉ a du sombrer peu après car il n'a jamais été revu.
le CIRCÉ II
Plusieurs marins "chauffeurs" semblent avoir été à bord. Les différends rapports citent deux marins chauffeurs non dénommés morts à leur poste, pourtant au moins trois sont connus. Pourquoi cette absence, sont ils clandestins sur le navire ?
Il s'agit de :
Jean Baptiste DIU, né le 15 novembre 1885 à Hasparren (Basses-Pyrénées – aujourd’hui Pyrénées-Atlantiques –) et y domicilié, mort le 15 mars 1917 « à bord du Circé II, torpillé en mer », Matelot de 1re classe chauffeur, Matricule
n° 51.444–1
(Jug. Trib. Toulon, 18 déc. 1917, transcrit à Hasparren, le 1er févr. 1918).
Ambroise GUIVARCH, né le 17 décembre 1877 à Carantec (Finistère) et domicilié à Henvic (Finistère), mort le 15 mars 1917 « à bord du Circé II, torpillé en mer », décès déclaré constant par jugement du Tribunal de Toulon le 12 ? décembre 1917. L’acte de décès est transcrit à Henvic le 25 janvier 1918. “Mort pour la France”.
Jean LE RUYET, né le 15 janvier 1890 à Plouharnel (Morbihan), résidant à Groix, mort le 15 mars 1917 « à bord du Circé II, torpillé en mer » matelot chauffeur
(Jug. Trib. Toulon, 18 déc. 1917, transcrit à Groix, le 26 janvier 1918).
Y en a-t-il d'autres ? Il serait utile de pouvoir lire le jugement du tribunal de Toulon du 18 décembre 1917
Les faits
Le CIRCÉ a quitté Barry (au sud-ouest de Cardiff - Pays de Galles) le 14 Mars à destination de Bizerte (Tunisie) avec 5700 tonnes de charbon
destiné à l’Armée Navale. Il est armé d’un canon de 95 mm placé à l’arrière. L'équipage se compose officiellement de 28 hommes ( ?, probablement 30 ou 31),
officiers compris.
Le 15 Mars, il navigue de conserve avec le vapeur français BALAGUIER placé à 600 m sur son avant et se trouve à 15h55 (heure du lieu) par 49°01 N
et 09°11 W faisant route au S50W à 8 nœuds environ.
Soudain, une explosion sourde est entendue et le BALAGUIER se couvre de vapeur. Il vient d’être torpillé par tribord et coule quelques temps
après.
Les hommes sont appelés aux postes de combat. Le sous-marin est aperçu à environ 400 m sur tribord, mais on ne voit que deux
périscopes surmontant le kiosque. 4 coups de canon sont échangés de part et d’autre et le CIRCÉ change de route pour présenter l’arrière. Le feu cesse et le sous-marin se tient à
bonne distance, hors de portée. La vitesse est augmentée au maximum, mais ne dépasse pas 9 nœuds. Vers 18h15, le sous-marin est perdu de vue.
A 19h30, la nuit est tombée. Le capitaine fait saisir les embarcations pour la nuit et tous les feux sont masqués. Il fait beau temps avec une légère brise. Le
CIRCÉ se trouve à 96 milles dans le SW de Bishop Rock.
C’est alors qu’une torpille frappe le CIRCÉ par tribord, entre la chaufferie et la soute à charbon. Le navire prend tout de suite une forte gite de
15° sur bâbord tandis que la baleinière tribord est arrachée de son bossoir. Le petit canot tribord est projeté sur le pont et brisé. Les chaudières sont
soulevées de leurs embases et le collecteur principal de vapeur se rompt. Les deux chauffeurs de quart sont brûlés et noyés, ainsi que le premier chauffeur, le QM mécanicien Ludovic CALAPPI, qui
se trouvait au parquet inférieur.
Dans son rapport, le chef mécanicien GONTIER déclare qu’il se trouvait auprès de lui quelques instants auparavant. Le QM mécanicien Ernest SÉVILLON, qui graissait les plateaux de cylindres au parquet supérieur est gravement brûlé. Il parvient à s’accrocher à la claire-voie machine, ouverte par l’explosion. Il est sorti de là par le cuisinier L’HENORET qui a entendu ses cris.
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Apparemment selon le jugement du Tribunal de Toulon, ils étaient trois. Il s'agit de :
Jean Baptiste DIU, chauffeur
Ambroise GUIVARCH, chauffeur
Jean François LE RUYET, chauffeur Groix
seul Ernest SÉVILLON sera honoré, extrait du J.O. 12 janvier 1922
un sous-marin allemand semblable au sous-marin attaquant
C’était l’Untersseboot 70 du KL Otto WÜNSCHE. Il a ce jour là, dans l’après midi, torpillé le BALAGUIER et le soir le CIRCÉ.
La position donnée par le KTB est 49°50 N et 08°50 W.
Otto Wünsche recevra la croix « Pour le Mérite » le 20 Décembre 1917.
Né le 28septembre 1884 à Duisbourg, il décèdera le 29 mars1919 à Kiel.
Jean François Marie LE RUYET est décédé le 15 avril 1917, vers 19h30, mort sur le coup, brûlé et noyé dit le rapport, dans les soutes du CIRCÉ.
Il avait avait 25 ans et 9 mois. Il laisse une jeune veuve de 22 ans et un enfant posthume, François Jean Joseph né le 11 mai 1917. L'oncle de son épouse Augustin RIO est décédé un mois plus tôt.
Son décès fera l'objet d'un jugement déclaratif du tribunal de Toulon en date du 18 décembre 1917, qui sera transcrit le 26 janvier 1918 dans les registres d'état-civil de la commune de Groix.
Il bénéficiera de la mention "Mort pour la France" et son nom sera gravé sur les monuments mémoriels civils de la commune de Groix.