Mort pour la France
Fils de Joseph Marie, ferblantier, charretier, journalier né en 1841 à Nostang (Morbihan) et d' Anne LE POUSSIN née à Plouay (Morbihan) en 1841, mariés vers 1863, résidant à Groix dans le village de Kermario à partir de 1865, Augustin Joseph RIO est né le 27 avril 1877 à Groix dans le village de Kermario. Il est le 6 enfants d'une fratrie de sept.
Après quelques années sur les bancs de l'école, Augustin fait son apprentissage de marin-pêcheur en embarquant comme mousse vers l'âge de 12/13 ans puis comme novice. A l'âge de 18 ans, il devient inscrit définitif sur le registre des gens de mer du quartier de Groix sous le matricule n° ?.
En 1897, il est levé pour effectuer son service militaire dans la Marine et il est affecté au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient.
Rendu à la vie civile en 1901, il reprend ses activités à la pêche.
Augustin Joseph RIO se marie avec une veuve groisillonne, née en 1876 dans le village de Kerampoulo, et résidant dans le même village que lui le 19 novembre 1906. Ils n'auront pas d'enfant et résideront dans le village de Kerampoulo.
Augustin Joseph RIO décède le 14 février 1917 à Groix.
A la mobilisation en août 1914, Augustin RIO a 37 ans. Il rejoint le 3ème dépôt des équipages à Lorient, mais ne reçoit pas d'affectation dans la Marine.
Il est alors mis à la disposition de l'armée de terre et affecté au 3ème régiment d'infanterie coloniale (R.I.C.) basé à Rochefort où il arrive le 16 décembre 1914 tout comme Louis CAUSEUR, Pierre GOUROND, Joseph CALLOCH, Jean Jacques ÉVEN, Alfred LE GARF, Laurent TRISTAN,...
La caserne habituelle du 3ème RIC a été transformée en hôpital. Les recrues sont donc hébergées dans des tentes "marabout" plantées sur un vaste cours hors les murs, le cours d'Ablois.
Le 3ème RIC fait partie de la 3ème brigade d'infanterie coloniale, intégrée à la 3ème division coloniale. Il est composé de 3 bataillons.
le camp de formation des rappelés à Rochefort
Quoique nullement préparés à cette guerre de taupes, officiers et soldats l'apprirent vite. Pendant 65 jours, le régiment tiendra le secteur de Ville-sur-Tourbe, avec le 7ème colonial. Il repoussera 5 attaques.
Jusqu'au 18 décembre, il continue, avec le 7ème, à tenir le secteur de Ville‑sur‑Tourbe, qu'il a, pour ainsi dire, créé. Il prend part aux attaques de la fin décembre (attaques du 17ème corps et du C.A.C. sur Tahure et Nipont) et repousse une tentative d'attaque ennemie, le 23. Il a supporté les veilles, les fatigues sous la pluie, par la gelée, et n'a laissé entendre aucune plainte. Les hommes sont exténués, mais nul ne récrimine et tous font largement leur devoir jusqu'au dernier moment. Les courages ne se sont point abattus et tous acceptent leur nouvelle tâche, tenir l'ennemi éloigné d'une position dangereuse pour tout le front du C.A.C. Il combat et travaille en même temps, avec la ferme volonté,...l'ennemi ne passera pas. Cette situation dure jusqu'au 23 février 1915
Le 24 février 1915, les bataillons disponibles sont alertés. Le 1er bataillon cantonne à Minaucourt; le 2ème bataillon, au ravin des Pins. Les 2 bataillons sont mis à disposition du 22ème RIC contre le fortin allemand "de Beauséjour" au nord‑ouest de Minaucourt. Cet ouvrage, pris et perdu déjà 7 fois, venait d'être reperdu. Les hommes des 2 bataillons entrent aux tranchées dans la nuit du 26 au 27, décidés à s'emparer à tout prix du fortin et à le conserver. A l'heure indiquée, les vagues d'assaut s'élancent, elles sont reçues par un feu intense et par un violent tir d'artillerie. Dès les premiers instants, les pertes sont terribles. Les officiers tombent les premiers. Les compagnies hésitent un instant, mais se reprennent vite et se cramponnent au terrain conquis. Rien ne les en délogera. La position est prise. Cependant, l'ennemi veut à toutes forces reprendre le fortin; âprement disputé, il lance 4 contre-attaques successives. La dernière, faite le 28, à 8 h, est d'une violence inouïe. Rien ne peut faire lâcher prise aux compagnies du 3ème R.I.C., malgré le manque le vivres, malgré la pluie, malgré la fatigue des survivants, tous les efforts de l'ennemi échouent. Quand le 91ème régiment l'infanterie vient relever les deux bataillons, l'ouvrage entier est bien conquis. C'est au cours d'une de ces luttes qu'un adjudant poussa le cri resté légendaire: « Debout les morts ! »
Le régiment perdait dans cette affaire: 6 officiers tués et 183 sous-officiers et soldats; 11 officiers blessés et 565 sous-officiers et soldats; et 250 hommes disparus.
Les unités du 3ème R.I.C., relevées dans la nuit du 28 février, sont obligées de rester sous la pluie, mais nul ne se plaint. Ce haut fait fut consacré par une citation à l'ordre du jour de la 4ème Armée le 10 mars.
la bataillon de renfort est passé en revue avant de partir sur le front.
Pendant le mois de mars, l'ennemi commence des sapes et laisse supposer qu'il est décidé à entreprendre la guerre de mines. Aussi se montre-t-il très actif, surtout devant l'ouvrage Pruneau. Il cherche à pousser ses travaux au plus près des lignes et essaie d'encercler le saillant. A l'évidence le secteur de Ville-sur-Tourbe, en flèche, intéresse l'ennemi. Le régiment cherche à enrayer les travaux de l'ennemi. Patrouilles, grenades, feu d'infanterie et tirs d'artillerie, tout coopère à ce but. Le 3 avril, notre génie évente une mine face de l'ouvrage Pruneau et aménage aussitôt une galerie, de façon à placer une chambre au-dessous de la mine allemande qui saute le 7. Cette explosion a amené celle de la mine allemande et un entonnoir assez vaste s'est produit. II a fallu le réunir à l'ouvrage par un boyau et l'occuper, puis le combler. Ce travail est très pénible et périlleux. Les hommes sont à 6 m de la sape allemande, qui lance constamment des grenades. Ils sont exposés à des feux de mitrailleuses. Ils ne peuvent travailler que par petits paquets de 6 ou 8, couchés dans la boue.
Les boyaux sont remplis d'eau jusqu'aux genoux. La pluie qui tombe sans répit rend inutiles les efforts des écopeurs. Pendant la période du 8 au 12 avril, le travail a été très dur. La pluie persistante met les tranchées et les boyaux dans un état lamentable.
Le 15 mai, les Allemands font jouer 3 énormes fourneaux de mines sur la face nord et nord-ouest de l'ouvrage Pruneau, alors occupé par le 7ème colonial. L'explosion est suivie par un violent bombardement, qui achève de bouleverser les positions et de couper les communications téléphoniques. L'infanterie allemande, aussitôt après, s'élance et occupe la première ligne, ainsi que la ligne de soutien. La lutte d'infanterie dure une heure, acharnée, pendant que l'artillerie des 2 divisions et du corps d'armée fait un barrage en arrière de l'ennemi et tire sur les lignes allemandes.
La situation se précise le soir et les contre-attaques peuvent être entreprises. Quatre compagnies du 3ème RIC sont envoyées comme renfort aux bataillons du 7ème, qui ont perdu beaucoup d'hommes et presque tous les officiers.
La première contre-attaque, poussée par 3 compagnies du 7ème RIC, échoue. Les compagnies du 3ème prennent alors part aux
combats.
Le 17 mai une contre-attaque est lancée, partie contre la face nord, partie sur le flanc droit de l'ennemi. La première partie est arrêtée, mais une fraction pousse méthodiquement l'ennemi; elle progresse, et la ligne de soutien est reprise. L'ennemi, coupé de sa retraite par un formidable barrage, se rend en masse et toutes les tranchées sont reprises.
Le 3ème RIC participe au mois d'août 1914 à la guerre des frontières en Lorraine, puis entre en Belgique. Le 22, le régiment faisant partie de la 3ème D.I.C. marche sur Rossignol. Il est pris à partie par des mitrailleuses et de l'artillerie. Dès midi, les 3 bataillons sont immobilisés jusqu'au soir, recevant des coups de toutes parts. Les pertes sont énormes. Dès 14 h, les 1er et 2ème bataillons sont presque cernés. On ne peut recevoir ni renforts, ni ravitaillement. Aussi, à 19 h les débris des 1er et 2ème bataillons sont ramenés à l'arrière et peuvent rejoindre, à 21 h, les lignes de la 2ème division. La retraite se poursuit jusqu'à Orval. Les pertes sont de 2.085 tués, blessés ou disparus.
Le 24, les restes du régiment sont groupés en deux bataillons. Le 26, il repasse la Meuse. Dans la matinée du 27, avec le 7ème colonial, il contre-attaque les Allemands, drapeau en tête, mais le mouvement de retraite continue. La contre-attaque exécutée dans la matinée a coûté 117 hommes tués, blessés ou disparus. La retraite continue vers Vouziers. Le 31, l'on organise une position défensive à Bouet-aux-Bois. Mais le lendemain, la retraite continue. Le 2, un ordre indique qu'on ne doit plus se retirer devant l'ennemi, on ne doit bientôt plus lui céder de terrain. Le 3, le C.A.C. se replie vers le Sud, ses arrière-gardes (3ème R.I.C.) sur la ligne de hauteurs à 2 km de Saint-Remy, à 4 km nord-ouest de Somme-Tourbe. Après de nombreux combats, le 17 septembre, la bataille de la Marne est terminée, vainqueurs mais à bout de souffle. L'ennemi imposera, une nouvelle forme à la guerre, les tranchées.
C'est après cette affaire que des renforts importants arrivent pour regarnir les rangs du 3ème R.I.C. Après quelques
semaines de formation, ce contingent de renfort du début de mars 1915 est composé essentiellement d'inscrits maritimes. Le régiment se trouve à cette époque à Minaucourt /
Massiges. Le rédacteur du J.M.O. écrit le 8 mars 1915: "le régiment est plus âgé dans sa moyenne qu'un régiment territorial..." et il se
plaint du contingent qui lui est envoyé de Rochefort... "408 inscrits maritimes qui avaient à peine 2 mois d'instruction et dont 380 ont plus de 36 ans...". Il y a tout lieu de penser que' Augustin RIO arrive sur le front, dans ce contingent, en compagnie
de Louis CAUSEUR, Pierre GOUROND, Joseph Marie CALLOCH, Jean Jacques ÉVEN, Alfred LE GARF, Laurent TRISTAN,... et probablement d'autres groisillons. Il y a tout lieu de penser qu'Augustin RIO a été affecté au 2ème
bataillon
l'organisation du front de Ville sur Tourbe avant l'attaque du 25 septembre 1915
Le 15 août, le 3ème RIC reprend les tranchées de Ville-sur-Tourbe. Les 2ème et 3ème bataillons sont en secteur depuis le 12 septembre. Le régiment se prépare pour la grande offensive du 25 septembre.
La préparation d'artillerie, commencée le 22, est terrible. Jusqu'à ce jour, on n'avait rien vu de
semblable. Le terrain est pilé. Tout saute, c'est infernal, l'infanterie allemande ne pourra tenir. L'artillerie allemande y répond toutefois.
Augustin Joseph RIO est blessé à la tête d'un éclat d'obus le 24 septembre, la
veille de la grand attaque. Il est aussitôt envoyé à l'ambulance, puis évacué vers l'Hôtel-Dieu de Bourges (Cher) où il arrive le 27 septembre.
Après quelques semaines d'hospitalisation, Augustin RIO est remis sur pied. Toutefois il lui reste des séquelles et de cette blessure et de son séjour dans les tranchées puisqu'il à son retour à Rochefort, il passe devant la commission spéciale de réforme le 12 avril 1916. Il est alors réformé provisoire (n°2) pour tuberculose pulmonaire... et il est renvoyé à son domicile en attendant sa guérison... Curieuse réforme, sa tuberculose, soit-disant non due au service, ne l'avait pas empêché d'être bon pour le service en décembre 1914.
Les 1ère, 3ème, 4ème et 9ème compagnies du 3ème RIC, avec 3 sections de mitrailleuses, prennent une part active aux contre-attaques. Rien ne peut avoir raison de la résolution des troupes. La 4ème compagnie occupe l'entonnoir ouest, coupant la retraite à l'ennemi. Les hommes de la 1ère compagnie prennent 3 mitrailleuses, un matériel considérable et de nombreux prisonniers. Grâce à la connaissance du secteur qu'avaient tous les officiers, grâce au ravitaillement en grenades bien organisé, grâce surtout à l'énergie et à la ténacité des hommes, toute cette partie de l'ouvrage Pruneau est réoccupée et son organisation remise en place.
De son côté, un lieutenant du 3ème Colonial s'est porté avec une compagnie vers le saillant nord de l'ouvrage. Un tir foudroyant les accueille. Sans se décourager, le lieutenant rassemble les hommes valides dans une tranchée, et se prépare à y recevoir l'inévitable contre-attaque. Soudain, coupés de leurs positions de départ par un terrifiant tir de barrage, les Allemands lèvent les mains: cinq cents d'entre eux se rendent. Et une douzaine de coloniaux, cernés depuis plusieurs heures, qui avaient décidé de lutter jusqu'à la mort, sont délivrés. Les allemands laissent plus de mille cadavres sur le terrain. Mais les pertes françaises étaient à peu près égales, un groisillon, Pierre GOUROND, perdait la vie dans ce combat.
Le régiment continue à assurer la garde du secteur de Ville-sur-Tourbe jusqu'au 29 mai. A cette date, le régiment quitte Maffrecourt. Le corps d'armée colonial doit soutenir le 35ème corps dans ses attaques sur Tracy-le-Mont et Moulin-sous-Touvent. Le régiment est en réserve de groupe d'armées. Le 14 juin, le régiment s'embarque pour la Somme. Il est réserve de groupe d'armées. Il y reste deux mois.
Hôtel-Dieu de Bourges
Il repasse devant la commission de réforme, trois mois après, cette fois à Lorient, le 18 juillet 1916. Il reçoit confirmation de la réforme n° 2 et il est jugé "suffisamment" malade pour ne pas être réintégré et de nouveau renvoyé à son domicile.
Les séquelles de sa blessure et l'aggravation de sa maladie pulmonaire conduisent Augustin Joseph RIO à décéder le 14 févier 1917, à 19h, dans son lit, à la maison dans le village de Kérampoulo de Groix. Sans la reconnaissance de la mention "Mort pour la France", malgré sa blessure et 18 mois passé au front. Il avait 39 ans et 9 mois. Son décès sera déclaré le même jour par son beau-frère, Jacques GUILLAUME.
Il est bien entendu inhumé dans le cimetière de Groix
Les autorités de la commune de Groix seront toutefois moins ingrates puisque son nom est gravé sur les différents monuments dédiés à la mémoire des combattants.
Le nom de Augustin RIO semble toutefois avoir été rajouté ultérieurement