Mort pour la France
bourg de Loctudy à Groix
<<< deux apprentis couvreurs ardoisiers
Fils de Joseph, couvreur, né en 1860 à Pontivy (Morbihan), et de Jeanne Marie LE LUEC, née en 1869 à Elven (Morbihan), mariés en octobre 1886 à Vannes, Jules Désiré JAN est né le 17 juillet 1895 à Vannes (Morbihan). Il est le second enfant d'une fratrie de trois. Sa mère décède en 1899, alors qu'il a un peu plus de 3 ans.
Son père est probablement venu s'installer avec ses 3 enfants au début du siècle à Groix en pleine expansion pour y exercer son métier de couvreur, qu'il apprendra à son fils, car c'est la profession qu'il déclare lors de son passage devant la commission de recrutement.
Son frère Pierre Marie Joseph s'engage en 1910 pour le 2ème régiment d'infanterie coloniale. Il sera blessé sur le front de Sedd Ul Barh en Turquie et décèdera sur le navire hôpital "Bien Hoa", le 16 novembre 1915, quelques semaines avant lui. Son nom, pour une raison me m'est inconnue, n'est pas porté sur le Monument aux Morts de Groix.
Jules Désiré JAN décède le 9 décembre 1916, sur le territoire de la commune de Cernay-en Dormois (Marne)
Convoqué au conseil d'incorporation en septembre 1914, Il ne s'y rend pas pour une raison inconnue. Jules Désiré est classé "bon pour le service" en son absence. Son matricule est alors le 198 / Lorient 1915.
Le 16 décembre 1914, il est incorporé au 64ème R.I. à Ancenis, caserne Rohan, un ancien couvent des Ursulines, pour effectuer ses classes et suivre sa formation "aux arts de la guerre".
Après quelques mois de formation il est affecté, le 1er avril 1915, au 411ème R.I. un nouveau régiment formé à partir des dépôts de la région Bretagne.
une section du 64ème R.I. à Ancenis en 1914
Le 15 novembre, le 411ème R.I. est retiré du front et mise au repos à Fismes. De nombreux pelotons de formation sont organisés.
Puis le 23 novembre, le régiment stationne à Mareuil-le-port.
Le 15 décembre le régiment s'embarque à Épernay pour se rendre dans le secteur Omey / Francheville. Dans sa marche d'approche du front, le 17, il est à Coupeville. Le 18, il va cantonner à Dampierre-le-Chateau. Le 20 décembre, il va cantonner au Camp des Boyaux (entre Laval-sur-Tourbe et Wargemoulin), tandis que le 412ème ira à Laval-sur-Tourbe et au vallon des Pins.
Dans la nuit du 22 au 23 décembre, un bataillon du 411ème prend le relève en première ligne, il relève le 160ème RI. La nuit suivante les deux autres bataillons montent en première ligne. Ils ont la garde du front entre la butte de Mesnil à l'ouest et Maisons de Champagne à l'est, face au bois des 20.000 et du bois en zig-zag. Du 23 décembre au 3 janvier 1916, les bataillons s'installent, améliorent les tranchées, le secteur est calme.
Les 7, 8 et 9 janvier au matin l'artillerie allemande s'est montrée plus active qu'à l'habitude. Des mouvements de troupes et de matériels ont été perçus ainsi que des bruits souterrains ( probablement de mines).
En début d'après-midi du 9 janvier, les bombardements s'accentuent et à 15 h, ils deviennent très violents...
extrait du J.M.O. de la 305ème brigade, le J.M.O. du 411ème R.I a disparu
extrait du J.M.O. de la 305ème brigade, le J.M.O. du 411ème R.I a disparu
Une seconde contre-attaque aura lieu de le demain, mais pour le soldat JAN, il est trop tard... Il est porté disparu...
Le 411ème régiment d'infanterie (411ème RI) est un régiment d'infanterie de l'Armée de terre constitué en 1915 avec des blessés guéris et des jeunes soldats de la
classe 1915 provenant principalement de la 11ème région militaire (Nantes). Il est constitué, le 20 mars 1915, sur le territoire de la commune de Plouharnel-Carnac à partir de différents dépôts.
Composé de 3 bataillon, il appartient à la 305ème brigade d'infanterie avec le 412ème R.I. (123ème division). Son dépôt est fixé au camp de Coetquidan.
Le 3 avril le régiment est embarqué à la gare d'Auray pour le camp de la Courtine (Creuse) Après une semaine d'entrainement, cette fois c'est pour le front qu'il embarque. Dans la nuit du 13 au 14 avril arrivée à Epernay et marche vers Sacy et Jarny-les-Reims.
Le régiment monte une première en ligne dans le secteur de Taissy (à l'est de Reims), un secteur calme dans la nuit du 22 au 23 avril. Après ce sont les secteurs de
Sillery-Prunay et du bois des Zouaves (entre Les Marquises et le bois des Zouaves) dont le 411ème a la garde. Il est déjà plus agité. les duels d'artillerie sont plus fréquents et il faut réparer
à la pelle et à la pioche les nombreux dégâts causés. Le 20 août le régiment est relevé et envoyé au repos.
Le 1er septembre , on retrouve le 411ème à Vaux-Varennes (Cormicy). Il occupe le secteur des bois: le quartier de la mare, le bois Franco-Alemand et le mont Doyer entre le vallon de la Miette et le moulin du Pontoy). L'ennemi arrose, sans répit, les tranchées et la fusillade est vive.
extrait de l'historique du 411ème RI
extrait de l'historique du 411ème RI
le front défendu par le 411ème RI en janvier 1916, en avant du fortin de Beauséjour
extrait de l'historique du 411ème RI
extraits du J.M.O. de la 305ème brigade, le J.M.O. du 411ème R.I a disparu
Jules Désiré JAN (porté disparu, mais de fait mort) a été mortellement blessé lors de l'attaque allemande de l'après-midi ou de la contre-attaque du bataillon Gravière dans la soirée du 9 janvier 1916 dans l'une des tranchées situées entre la butte de Mesnil et Maisons de Champagne; les autorités militaires la situe dans le secteur de Beauséjour ? Il avait 20 ans et quelques mois
Un jugement déclaratif du tribunal de Lorient en date 16 novembre 1921 officialisera son décès, jugement qui sera retranscrit dans les registres d'état-civil de la
commune de Groix le 12 décembre 1921.
Son nom sera gravé sur le monument aux morts de Groix et sur la plaque mémorielle qui se situe aujourd'hui dans l'Écomusée.
Le "bleuet" (c'était le surnom des jeunes précocément mobilisés de la classe 15) Jules Désiré JAN sera honoré à titre posthume de la Croix de guerre avec une étoile de bronze.
Le corps de Jules Désié JAN a été inhumé, après avoir été retrouvé plusieurs années après les combats, dans la tombe n° 8772 de la Nécropole nationale du Pont du Marson, situé sur la commune de Minaucourt-le-Mesnil-lès-Hurlus.
Nécropole Nationale de Pont de Marson
Située sur la commune de Minaucourt-le-Mesnil-lès-Hurlus (sur la D 566 en direction de Massiges), la nécropole nationale du Pont du Marson regroupe les dépouilles de soldats, morts pour la France lors des différentes offensives qui se déroulèrent de 1914 à 1918 dans ce secteur âprement disputé. Elle est aménagée par étapes successives de 1922 à 1929, sur l'emplacement du cimetière provisoire créé durant la bataille de Champagne, en 1915, alors dénommé "Pont du Marson". Le cimetière rassemble plus de 21 000 Français dont plus de 12 000 en ossuaires. Ce cimetière militaire témoigne du caractère meurtrier des offensives de Champagne et plus encore des combats qui ont eu lieu sur le site de la Main de Massiges, à quelques kilomètres. C'est, au nombre de corps qu'elle contient, la deuxième plus grande nécropole de la Marne. Elle est d'une superficie de 44 ha.
La difficulté de la relève des sépultures provisoires restées au milieu des combats pendant toute la guerre a donné à cette nécropole un caractère particulier. Sous de nombreuses croix reposent plusieurs corps, jusqu’à 5, qu’il a été impossible d’identifier. Les renseignements sont alors très incomplets, parfois une seule lettre du nom et souvent la mention « et un inconnu » s’ajoute au nom d’un ou plusieurs héros que la mort a réunis à tout jamais. De même les chiffres exacts ne peuvent être certifiés car de nombreux corps trouvés pendant certaines périodes n’ont pas été dument enregistrés, eu égard à la fréquence importante des découvertes.