Mort pour la France

François PRUEL  (1892/1916)

François PRUEL

François PRUEL et son épouse, Mélanie LE FLETCHER

 

Fils de Joseph, laboureur, puis commerçant, né au Faouet (Morbihan) en 1844 et de Marguerite ROYANT, née à Méllionnec (Côtes d'Armor) en 1852, mariés en novembre 1873 à Ploerdut (Morbihan), François PRUEL est né le 19 mars 1892 à Groix, au bourg de Loctudy.

 

Après quelques années sur les bancs de l'école, il fait son apprentissage de cordonnier. Sa mère qui a divorcé de son père en 1893, revient s'installer à Lorient où elle décède en septembre 1908.

 

Désemparé François s'engage dans la Marine le 29 septembre 1909, il a 17 ans et demi. Il est affecté au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient. Son n° matricule est le 22106 (3ème dépôt).

 

Après ses classes, il embarque sur le "Descartes" pour une longue campagne en Atlantique et Terre-Neuve, notamment pour la protection des navires de pêche, du 1 février 1912 au 25 septembre 1913.

 

 

François PRUEL se marie à Lorient, le 5 février 1916 avec Mélanie LE FLETCHER, née à Lorient en octobre 1894 (décédée en octobre 1918). Ils ont eu un enfant reconnu, Robert, hors mariage, né en novembre 1914, alors que François est déjà embarqué sur le "République"

 

François PRUEL décède à Athènes le 1er décembre 1916.

 


 

François PRUEL embarque le 2 août 1914 sur le Cuirassé "République"  construit à Brest à partir de 1901. Le "République est mis en service en juin 1906 et il est retiré le 29 juin 1921

 

D'un volume de 14 900 tx, il mesure 133,8 m x 24,3 m et d'un tirant d'au de 8,3 m. Il développe18 000 cv pour une vitesse de 19 nds. Il est armé de 4 canons de 305mm, de 18 canons de 164mm et de 4tubes lance-torpilles.

 

En septembre 1911, il est affecté à la 2ème escadre, alternativement à la 2ème puis à la 1ère division. le 16 août 1914, il participe à la destruction du croiseur autrichien Zenta

 

Le 16 mai 1916, il est affecté à la 2ème division de la 3ème escadre

 

Fin novembre 1916, il participe au siège du Pirée (Athènes) et des hommes de ce navire, dont François, débarque le 1er décembre 1916.

 

Le 7 août 1917, le "République" est affecté à la division d’Orient, puis mis en réserve le 1er Juillet 1918

 

Il est vendu pour démolition à Toulon en 1922

 

 

L'entretien du matériel suscite quelques mouvements. La République va sur Bizerte où elle est en carénage du 30 oct. au 7 nov. Elle rejoint Salamine le 16, au même moment où la Démocratie s'apprête à faire le chemin inverse. En baie d'Éleusis, la Patrie s'échoue sans gravité. L'ultimatum adressé le 16 nov. au gouvernement grec ayant été rejeté, l'escadre A met à terre ses compagnies de débarquement le 1er décembre à 5h.

 

Celles-ci totalisent 2 870 h aux ordres du capitaine de vaisseau Pugliesi-Conti, commandant de la Justice, et doivent occuper les hauteurs d'Athènes. La 3ème escadre fournit 774 h. constituant le 2ème bataillon qui prend position sur la colline des Nymphes.

 

Peu à peu, les soldats de l’Entente atteignent les positions stratégiques qui leur ont été indiquées par Dartige du Fournet mais ils ont cependant la surprise de les trouver déjà occupées par des soldats grecs. Durant près de deux heures, les deux forces se jaugent sans tirer.

 

Mais, en milieu de matinée, un coup de feu retentit et la «bataille d’Athènes» commence, sans qu’il soit possible de dire quel camp l’a entamée.Une fois les combats déclenchés, l’ambassadeur de Russie accourt au palais royal, où il est bientôt rejoint par les autres ambassadeurs de l’Entente. Désireux de mettre fin aux combats, le roi leur propose une solution de compromis et le vice-amiral, qui manque de troupes et de munitions, accepte rapidement l’offre qui lui est faite par leur intermédiaire. Pourtant, les combats reprennent avant qu’un accord soit obtenu. Les batteries grecques placées sur la colline d’Arditos tirent en effet sur l’entrée du Zappéion, où le commandant des forces de l’Entente a établi son quartier général.

 

En conséquence, l’escadre alliée située près de Phalère bombarde différents quartiers de la capitale et principalement ceux situés autour du stade panathénaïque et du palais royal et il faut, vers 18h les 4 coups de 305 mm du Mirabeau sur la ville pour enfin ramener le calme.

 

Les pourparlers reprennent et un compromis est atteint.Constantin 1er accepte alors de remettre à Dartige du Fournet six batteries de montagne au lieu des dix que demandait le vice-amiral.

 

À 23 h, le corps de débarquement se replie vers Le Pirée avec 54 morts, dont 6 officiers, et 124 blessés. La compagnie du "République" compte, à elle seule, 22 tués dont le chef du détachement, le LV Thibaudier, et le groisillon François PRUEL. Les Grecs ont perdus 82 hommes, plus un nombre inconnu de victimes civiles. Humiliées par cet échec, les forces alliées évacuent la capitale grecque tôt dans la matinée du 2 décembre. Les survivants peuvent rembarquer pacifiquement. Mais le départ des alliés déclenche, durant trois jours, une féroce répression contre les vénizélistes dans la capitale hellénique.

 

Cette journée, passée dans l'histoire sous le nom de "Guet-apen d'Athènes", constitue un échec et, essentiellement à cause des divergences politiques, ne résout rien au problème grec. Le roi félicita son ministre de la guerre et ses troupes. Les anti-vénizélistes s'attaquèrent alors très violemment à leurs adversaires politiques. Ce fut le 1er épisode de la «guerre civile» qui opposa partisans et adversaires de Venizélos.

 Sur le front macédonien comme à Paris et à Londres, les conséquences des «vêpres» ne se font pas attendre. Louis Dartige du Fournet est ainsi démis de ses fonctions tandis qu’un blocus naval très strict est imposé à la Grèce. Surtout, le gouvernement de défense nationale de Venizélos est en partie reconnu par les Alliés. Enfin, à Londres, le Premier ministre et une partie de son cabinet démissionnent le 5 décembre tandis qu’à Paris, un important remaniement ministériel est opéré le 12.

 

Partie de Bizerte le 11 décembre, la Démocratie, après une attaque sous-marine manquée au large de Malte le 12, retrouve les bâtiments de la 3ème escadre le 14 au mouillage de Kératsini. Dès lors, l'armée se cantonne à un blocus strict de la Grèce.

 

François PRUEL a été honoré de la Médaille militaire à titre posthume

Cité à l'ordre de l'Armée 

J.O. du 7 juin 1919 (Arrêté du 4 juin)

texte de la citation sur sa fiche matricule

Après les « vêpres », les corps des 54 soldats français tués durant les combats sont enterrés au cimetière Anastaseos (cimetière de la Résurrection) de la commune de Keratsini, près du Pirée, dans un carré réservé à la France à l’intérieur du cimetière catholique.

 

En 1922, les corps sont rapatriés en France.

 

Il subsiste aujourd’hui dans le cimetière une stèle commémorative qui ne porte que 43 des noms des 54 victimes. Chaque année, le 2 novembre, les catholiques grecs y célèbrent une cérémonie à leur mémoire.

 

monument aux morts de Groix

Journal officiel du 27 juin 1918

Mélanie n'en jouira que quelques mois, puisqu'elle décède en octobre 1918

la vie à bord

 

Négociations avec la Grèce

Durant tout l’été 1916, des négociations diplomatiques sont entreprises entre Athènes et les alliés, qui demandent au roi de Grèce de lui remettre l’équivalent des armes capturées par les Bulgares au Fort Rupel. Cependant, l’échec des négociations et l’occupation d’une partie de la Macédoine par l’armée bulgare favorisent la proclamation d’un gouvernement de défense nationale par l’ancien Premier ministre grec Elefthérios Venizélos, à Thessalonique. La neutralité malveillante du gouvernement grec contraignant les Alliés à l’action. L’amiral Dartige du Fournet, reçoit, le 26 août 1916, l'ordre d'effectuer une démonstration de force devant Athènes et rassemble, pour l'occasion, une formation dite "escadre A" en rade de Milo. La 3ème escadre quitte Corfou le 27 au matin et rejoint Milo le lendemain. Elle s'intègre à l'escadre A qui comprend du côté français, outre la 3ème escadre, la Provence, les 3 croiseurs de la 1ère Division Légère et 2 escadrilles de torpilleurs et du côté anglais, le cuirassé Exmouth, 2 croiseurs, 1 porte-aéronefs et 6 torpilleurs. Cette force imposante prend la mer le 1er sept. et parvient au mouillage de Kératsini dans la journée. Le Suffren qui ne peut suivre la Vérité fait route isolément. L'action confuse des politiques se révèle impuissante et oblige, fatalement, aux mesures coercitives. Le 7 octobre, les Patrie, Démocratie et Suffren se placent en rade d'Éleusis afin d'appuyer la réquisition des torpilleurs grecs effectuée le 11. En cas de combat, Démocratie tirerait sur le Kilkis, Suffren sur le Hellès, Patrie sur le Lemnos (dispositions prises au mouillage le 7 octobre 1916). Il ne se produit finalement rien et les "Démocratie" et "Suffren" retournent à Salamine.

l'escadre franco-anglaise dans la baie de Salamine, au large du Pirée

image parue dans la presse sur les combats dans la ville d'Athènes

troupe d'infanterie débarquée au Pirée

 

 François PRUEL tombe le 1er décembre 1916 en fin d'après-midi avec 54 de ses camarades du "République" dans des combats de rues avec des troupes grecques fidèle au Roi. Il a 24 ans et il laisse une jeune veuve et un orphelin de deux ans.

 

Il sera inhumé dans le cimetière Anastaseos (cimetière de la Résurrection) de la commune de Keratsini, près du Pirée, dans un carré réservé à la France à l’intérieur du cimetière catholique.

 

Puis son corps sera rapatrié et inhumé à Lorient dans le Carré militaire de Carnel, carré 50bis, tombe n°89.

 

Le tribunal de Lorient, en l'absence d'acte de décès, émet un jugement déclaratif de décès, le 8 janvier 1918, qui sera transcrit dans le registre d'état-civil de Groix en date du 17 janvier 1918.

 

Le nom de Fançois PRUEL est inscrit sur les monuments mémoriels de Groix, sauf celui de l'Église

 

les tombes des marins français dans le cimetière de Keratsini près du Pirée

carré militaire - cimetière du Carnel Lorient


 

Ce qu'en dit la presse

 

le "Matin" du 2 décembre 1916


 

Le rapatriement des corps

 

 

la "Croix" du 8 juillet 1922

 

le "ROLLON", transport de troupes

 

le "Petit Marseillais " 7 juillet 1922