Mort pour la France
un collègue de front
Fils de Dominique, un marin-pêcheur, né à Groix en 1862 et de Marie GUBÉRIC, née à Groix en 1864, mariés en octobre 1888 à Groix, Jean Marie TONNERRE est né le 26 février 1892 à Groix, au village de Locmaria (Morbihan). Il est le 3ème enfant d'une fratrie de huit enfants.
Commune (et canton) composée d’une île de 4km sur 8 Située à 36 mètres d'altitude et voisine des communes de Larmor-Plage, et Port Louis. En 1914, elle comptait 5800 habitants appelés Grésillons ou Groisillons résidant sur une superficie de 14,8 km² (soit 392 hab/km²). Située à 5 milles de la côte, il se trouve au large du port de Lorient (8 milles).
Comme son père, il sera marin; mousse dès l'âge de 11/12 ans et quand il passe son conseil de révision en 1912 (n° matricule Lorient / 749), il est déjà inscrit maritime, probablement sous le n° Groix / 2005. Il effectue son service militaire à partir de 1912 au 3ème dépôt des équipages de la flotte à Lorient.
Agé de 22 ans, matelot de 3ème classe, sans spécialité, il est surpris par la mobilisation en août 1914, au 3ème dépôt des équipages à Lorient, il est sans affectation précise.
Il décède le 4 janvier 1915, àl'hôpital de Dunkerque (Flandres maritime),
célibataire, il allait avoir 23 ans.
En août 1914, la tension est grande à Paris. Le gouvernement décide alors de mobiliser les différents dépôts de marins : Cherbourg, Brest, Lorient et Rochefort, (les autres effectifs militaires étant déjà au front) afin d'assurer le calme dans la capitale. Fin août est constitué la Brigade des Fusiliers-marins composée de deux régiments, soit environ 6000 hommes dont la majorité est bretonne. Cette brigade sera commandée par le contre-amiral Pierre Ronarc'h.
Matelot de 3ème classe sans spécialité, Jean Marie TONNERRE est affecté au 1er régiment des fusiliers marins (selon son acte de décès), qui est constitué vers le 8 août, pour être immédiatement dirigé sur Paris.
En octobre 1914, les Allemands menacent d'anéantir les défenses belges. La brigade reçoit la mission de quitter Paris pour aller en renfort de l'armée belge, cette mission étant également donnée à la 87ème division d'infanterie territoriale. Il s'agit d'aider l'armée belge à se replier vers la France et de protéger le port stratégique de Dunkerque. La brigade est transportée en train dans les Flandres, puis elle se dirige vers Anvers où se trouve assiégée l'armée belge. Mais à Gand, la brigade s'arrête, la voie étant coupée au-delà.
La Brigade se bat à Melle du 9 au 11 octobre pour protéger la retraite des troupes belges ayant évacué Anvers. Ensuite ils décrochent vers Dixmude qu’ils atteignent le 15 octobre après une marche épuisante. Poursuivis par 50 000 Allemands, ces hommes habitués à vivre nu-pieds sur leurs bateaux, fournissent des marches de 30 et 40 kms.
Le 7 novembre, en vue de rendre plus intime l’action de l’artil-lerie et de l’infanterie, l’Amiral décide une nouvelle organisation.
L'ensemble de la défense proprement dite de Dixmude comprenant le front extérieur de la ville, la ville de Dixmude, la rive de l’Yser (nord et sud du Pont route) est à la charge 2ème régiment
Pendant toute la journée, des duels d’artillerie ont lieu. Sur le front des tranchées de Dixmude, les Allemands montrent une grande activité. La nuit est troublée. L’ennemi venant d’Eessen prononce plusieurs attaques sur Dixmude sans toutefois insister.
Le 8 novembre, les allemands attaquent plusieurs fois le cimetière au sud de la ville. Ils sont repoussés. La ville subi de violents bombardements . Le tir des allemands est dirigé avec une grande précision sur les tranchées du cimetière et de l’Yser et sur l'artillerie lourde placée vers Oudecapelle. Deux aéroplanes et un drachen-ballon comme d’ailleurs presque tous les jours, dirigent ces tirs. Les pertes sont importantes.
A 13h, l’infanterie ennemie marche sur les tranchées de Dixmude plus ou moins démolies et neutralisées. Elle s’empare d’une partie de ces tranchées, de celles qui sont immédiatement au sud de la route d’Eessen et pénètre dans l’intérieur de la défense, prenant en écharpe et à revers les autres tranchées qui sont les unes après les autres évacuées. Une vive fusillade éclate partout en ville où l’ennemi a pénétré avec une rapidité surprenante. A 16h30, la situation est des plus confuses. Les actes d’héroïsme relevés sont nombreux; mais ils ne peuvent aboutir à la conservation de la ville, et l’amiral décide d’abandonner Dixmude et de mettre tout en œuvre pour arrêter les progrès de l’ennemi sur l’Yser.
A 17h, la ville est prise, l’amiral fait sauter les ponts. L’artillerie lourde de la défense reçoit l’ordre de bombarder à son tour Dixmude, pour en rendre l’occupation intenable. Le feu est mis à la minoterie. La décision de bombarder Dixmude a été difficile, car la ville abritait encore beaucoup de blessés, mais elle était nécessaire pour le maintien du front de l’Yser, à une heure où le moral de nos troupes était fortement ébranlé. Les pertes sont considérables, le commandant du 2ème/I est tué, le commandant du 2ème régiment est blessé (Il est remplacé dans le commandement de son régiment par le commandant du 3ème/II).
De la garnison de Dixmude, il ne revient que 200 Sénégalais, 200 Belges, 500 marins ( sur plus de 6000) et quelques officiers. Jean Marie TONNERRE a échappé au massacre de Dixmude.
Jean Marie TONNERRE décède le 4 janvier 1915, à 16h, dans les locaux de l'hôpital temporaire de Dunkerque, installé caserne Jean Bart, des suites de la fièvre typhoïde, maladie contractée en service. Il allait avoir 23 ans. Il avait 22 ans et était célibataire.
Son corps est inhumé dans la Nécropole nationale de Dunkerque, dans une tombe individuelle n°148.
Son acte de décès est transcrit le 1 octobre 1915 dans les registres d'état-civil de la commune de Groix, avec la mention "Mort pour le France"
Son nom est gravé sur tous les monuments mémoriels de la commune.
la tombe de Jean Marie TONNERRE, sise dans la nécropole nationale de Dunkerque
Le lendemain, 16 octobre, la ligne de défense des marins est à peine établie que les Allemands déclenchent, à 16 h, leur première attaque. Les combats pour la possession de Dixmude commencent, opposant 6 000 marins de la brigade et 5 000 Belges commandés par le colonel Meiser à 3 corps de réserve d'armées allemands, environ 30 000 hommes.
Le 24 octobre à 21 h, le prince de Wurtemberg lance une attaque générale avec comme objectif de percer le front en direction de Furnes. Deux colonnes vont assaillir le front Nieuport - Dixmude tenu par les Belges et 2 autres colonnes vont converger sur Dixmude, après une formidable préparation d'artillerie.
Le 26 octobre, les marins sont renforcés par un régiment de marche de tirailleurs sénégalais composé du 3e BTS du Maroc (Frèrejean) et le 1er BTS d'Algérie (Brochot).
Le 28 octobre, suite à une décision prise le 25, les Belges ouvrent les vannes et inondent la rive gauche de l'Yser entre ce fleuve et la chaussée de chemin de fer de Dixmude à Nieuport, faisant de Dixmude une presqu'île artificielle. Ces inondations sauvèrent la situation sur l'Yser.
Pour le détail de la campagne voir le chapitre consacré à cet historique
Le 3 et 4 novembre, la 42ème division a tenté une offensive pour dégager Dixmude, mais celle-ci est sans résultats probants. Le 6 novembre, le repli de la 42ème D.I. se fait sans incidents et la brigade se trouve de nouveau seule à Dixmude. La division laisse toutefois 1 groupe de 2 batteries de 75 à la disposition de la brigade.
A Dixmude, les Allemands ont ramené leurs grosses pièces avec lesquelles ils reprennent un bombardement assez intense de la ville et de ses tranchées, des tranchées de l’Yser et du terrain en arrière. Sur le soir, une attaque d’infanterie allemande sur le cimetière est repoussée. La nuit est calme grâce au brouillard épais.
Le 3ème/II remplace le 2ème/II à la défense de la ville de Dixmude. Il prend la défense de la rive de l’Yser au sud du Pont-route. Pendant la nuit, un groupe d’artillerie belge (12 pièces) vient relever ce qui reste de l’artillerie de campagne mise à la disposition de l’amiral et dont l’effectif est tombé à 14 pièces.
Le 9 novembre, dès le matin, la fusillade allemande reprend contre les tranchées de Dixmude et ainsi que les bombardements. Les batteries de campagne nouvellement installées exécutent des tirs sur les tranchées allemandes très rapprochées des nôtres.
Le 10 novembre, un bombardement violent commence dès le matin, principalement sur les fronts est et sud de Dixmude et sur la rive gauche de l’Yser, notamment sur le cimetière qui devient vite intenable. L’artillerie de campagne, l’artillerie lourde de la défense répondent, mais sans grand résultat apparent. A 11h30, le bombardement des tranchées redouble. C’est l’attaque brusquée.
Le combat se poursuit. Le 15 novembre, le G.Q.G. belge, ayant décidé de tenter une
inondation sur la rive Est de l’Yser, le Génie belge, avec l’aide des marins, fait sauter l’éclusette au sud de la borne 16 pour déterminer une inondation sur cette rive, un peu au nord de
Dixmude.
Le 16, les restes de la Brigade sont évacués pour prendre quelques repos qui seront de courte durée.
La brigade est ramenée sur l’Yser à la fin de novembre. Le 8 décembre, la brigade est placée dans un groupement qui comprend les 87ème et 89ème Division Territoriale, et la 7ème Division de Cavalerie. La mission de ce groupement est de tenir la ligne du canal de l’Yser entre le pont de Knocke et la passerelle située sur le canal de l’Yser, à 400 m au sud du pont de Steenstraat. La tête de pont de Steenstraat, par où débouche la route de Dixmude, se trouve sous la garde de la brigade.
Le temps continue à être pluvieux les tranchées sont en mauvais état et remplies de boue, les hommes sont fatigués.
Le 17 décembre, la brigade lance une attaque. L’offensive a pour résultat la prise sur les Allemands de 2 ou 300 mètres de terrain. Malheureusement elle coûte très cher à la brigade, les 1er/I et 3ème/II sont très épuisés. Les pertes en officiers sont considérables. Une nouvelle attaque a lieu le 22 décembre.
Le 24 décembre, les effectifs de la brigade fondent, le nombre des malades, des éclopés, des exempts de service croissant de jour en jour. C'est vers cette époque que Jean Marie TONNERRE, malade, est évacué à l'arrière vers l'hôpital de Dunkerque vu la gravité de son état
l'acte de décès de Jean Marie TONNERRE